Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Síða 309

LES LAPONS
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Peut-on par ailleurs etre absolument sur que ce soient juste-
ment les Lapons qui aient changé de langue? On ne saurait ex-
clure la possibilité qu’au point de vue anthropologique les Lapons
descendent du peuple primitif finno-ougrien et que ce soit leur
langue qui ait supplanté celle des Finnois, ou des Finnois primi-
tifs, si l’on veut étre tout a fait exact. On connaít en réalité trop
peu les caractéres raciaux des peuples finno-ougriens orientaux
pour pouvoir répondre d’une fagon catégorique á cette question,
en partant d’un point de vue anthropologique. Nous avons dit
plus haut que certains savants considérent que les Lapons ont
des affinités raciales avec les Samoyédes, leurs parents linguis-
tiques éloignés. On considére d’autre part que les Finnois appar-
tiennent principalement á la race dite baltique-orientale, et cela
revient á dire qu’au moins les plus connus de leurs congénéres
raciaux parlent une langue indo-européenne.
L’infériorité numérique des Lapons par rapport aux Fin-
nois semble, au premier abord, réfuter l’hypothése suivant la-
quelle les Lapons descendent du peuple primitif finno-ougrien.
Les Samoyédes, de leur cóté, sont encore moins nombreux que
les Lapons. Mais il n’en a pas nécessairement été ainsi á travers
les áges. On connaít des peuples décimés dont les individus ne
représentent plus qu’une infime fraction du nombre global qu’ils
comptaient á l’origine. Citons ainsi les Livoniens, qui étaient
autrefois répandus sur toute la Livonie et qui ne comptent de
nos jours qu’un millier seulement de pecheurs résidant sur la
pointe de Courlande, et les Youkaghirs du nord de la Sibérie
orientale, dont la langue semble plutót étre apparentée au sa-
moyéde et qui ne comptent plus désormais que quelques centaines
d’individus, alors que c’était autrefois un peuple d’une assez
grande importance disséminé sur un territoire immense.
A supposer que les Lapons aient hérité leur langue de
l’époque primitive finno-ougrienne, on ne saurait guére, en se
basant sur des données linguistiques, déterminer á quel moment
ils sont venus s’installer sur le territoire qu’ils occupent actuelle-
ment. Par ailleurs l’opinion a été émise qu’il y aurait eu des
Lapons sur la cóte norvégienne de l’Océan glacial déjá avant la
derniére période de glaciation, mais cela n’est guére qu’une hypo-
thése vague.
Les sources historiques du moyen áge montrent clairement
que la Laponie, ou tout au moins la Laponie suédoise actuelle,
constituait déjá vers l’an 900 une sphére d’intérét contestée ou
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