Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Page 311
LES LAPONS
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en Scandinavie. L’emploi spécial qu’ont fait les Lapons du tam-
bourin chaman a été attribué á une influence scandinave.
La religion pai'enne des Lapons était d’ailleurs fortement mé-
langée de coutumes empruntées aux Scandinaves; on y retrouve
le culte du soleil, de l’áge du bronze, les figures tirées du monde
des dieux des chants de l’Edda tels que Thor, Heimdal et les
nornes, et méme la Trinité chrétienne sous une forme paienne.
II n’y a pas de doute que dans ce domaine aussi les Lapons
aient fait beaucoup d’emprunts aux Finnois. Nous ne savons
pas s’ils avaient leurs propres dieux officiels avant de prendre
contact avec les peuples qui sont aujourd’hui leurs voisins. Peut-
étre n’adoraient-ils que des esprits ou des divinités locales, comme
ceux qu’ils ont figurés en pierre et en bois jusqu’á une époque
trés avancée et qui sont dénommés les sieides. C’est seulement chez
les soi-disant Lapons skoltes, des deux cótés de la frontiére finno-
russe, que l’on a trouvé des traces de totémisme caractérisé. L’ours
est pour les Lapons un étre intermédiaire entre un gibier et un
esprit animé de sentiments amicaux et on lui rend hommage. On
croyait que l’ours ressuscitait et qu’en l’honorant on pouvait
adoucir l’ours abattu. Les fétes de l’ours, avec leurs curieuses
libations funéraires et leur rituel compliqué, présentent une grande
analogie avec les coutumes correspondantes en usage chez les
peuples paíens qui habitent dans des régions plus á l’est et jusque
sur les cótes de l’Océan Pacifique.
L’élevage du renne est considéré non sans raison comme l’oc-
cupation dominante des Lapons, mais le nombre des Lapons qui
tirent leurs ressources entiérement ou principalement de leurs
troupeaux de rennes ne peut pas étre évalué á plus de cinq mille,
dont á peu prés trois mille en Suéde et un bon millier en Norvége.
Ceci ne manquera pas de surprendre un grand nombre de lec-
teurs qui s’étaient peut-étre imaginé que la nationalité laponne
et l’élevage du renne étaient indissolublement liés. On ne saurait
nier qu’il existe un rapport entre l’élevage du renne et la langue
laponne. II y a bien le long de la cóte de la province du Finmark
et vers le sud dans les vallées de la méme province une popu-
lation laponne nombreuse qui depuis des siécles se nourrit de la
péche et en partie de l’élevage des bovins et, malgré cela, la langue
laponne a dans ces régions une si forte position que bien des
familles finnoises immigrées ont été laponisées. De méme pour les
Lapons de la presqu’íle de Kola, l’élevage du renne n’a probable-
ment jamais joué un róle aussi essentiel que celui qu’il joue dans la
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