Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Page 312
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LE NORD
Laponie suédoise septentrionale. Mais le lien entre la langue la-
ponne et l’élevage du renne se révéle dans le fait que, dans la
plupart des régions, les familles laponnes qui ont complétement
cessé de s’occuper de l’élevage du renne abandonnent généralement
la langue laponne aprés une ou deux générations. Il convient de
remarquer que le lapon a un vocabulaire extrémement riche
pour toutes les choses qui se rapportent a l’élevage du renne.
D’autre part, des plaintes se font entendre de la moins bonne
connaissance de la langue laponne relevée chez les jeunes gens,
laquelle, dit-on, marche de pair avec une moins grande habileté
dans l’art de l’élevage du renne.
Il n’est guére probable que les Lapons aient été nomades au
moment de leur arrivée en Scandinavie, c’est-á-dire qu’ils faisaient
paítre leurs troupeaux de rennes et les suivaient dans leurs dé-
placements. Déjá á l’état sauvage le renne pérégrine périodique-
ment; durant l’hiver, il reste dans les régions boisées et sa nourri-
ture se compose essentiellement de lichens (Cladonia) qu’il trouve
sous la neige qu’il gratte de ses larges pieds; au printemps, lors-
qu’il se forme une couche de glace qui empéche le renne de trouver
le lichen, il cherche des régions ou ce phénoméne se produit plus
tard et ou le printemps arrive plus subitement que dans les con-
trées se trouvant á la limite des foréts de coniféres. S’il y a des
régions montagneuses ou une cóte maritime dans les parages, le
renne s’y rend volontiers lorsqu’arrive l’été et que les lichens se
desséchent et deviennent immangeables. Sur les hautes montagnes
ou prés de la mer, le renne trouve un refuge contre la poursuite
des moustiques et des œstres (Hypoderma tarandi et Cepheno-
myia trompe), en méme temps qu’il y a lá aussi abondance d’herbe
tendre et de plantes qui constituent la nourriture estivale du
renne.
Dans les régions du monde ou il existe encore beaucoup de
rennes sauvages, ils ont l’habitude de se déplacer par grands
troupeaux et ils constituent, tout au moins á certaines époques,
une proie si facile que l’on ne peut plus parler de chasse, mais
de boucherie. Dans le nord de la Scandinavie, la situation doit
probablement avoir été la méme autrefois; il y avait aussi une
grande abondance de poissons et de gibier de toutes sortes —
sans parler des renards bleus et des autres animaux á fourrure
qui, depuis les temps les plus reculés, ont joué un róle prépondé-
rant dans le commerce extérieur des Lapons. Il ne semble donc