Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Page 317
LES LAPONS
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ciles á manier, de bons éleveurs de rennes. A l’heure actuelle, le
nombre des rennes domestiqués de l’Alaska est de beaucoup supé-
rieur a celui des rennes qui se trouvent á la fois dans le nord de la
Scandinavie, en Finlande septentrionale et dans la presqu’íle de
Kola. II convient de relever que c’est un gardien de rennes qui,
en 1898, découvrit la présence de l’or au Cap Nome.
En ce qui concerne l’attitude des Lapons par rapport aux
sciences, il faut signaler aussi que la plupart des Lapons qui durant
ces derniéres années ont fait des études académiques en Suéde,
ont publié des travaux dans le domaine de l’ethnologie laponne.
Le sens esthétique des Lapons ne s’exprime pas seulement dans
le bon gout dont témoigne l’harmonie des couleurs de leurs véte-
ments, mais ils ressentent aussi trés vivement les beautés de la
nature. II est des esthéticiens qui prétendent que la perception
consciente des beautés naturelles n’apparaít qu’á un stade trés
avancé de culture. Cette opinion n’a pourtant, semble-t-il, qu’un
bien-fondé apparent. Il est vrai que la compréhension de la beauté
des montagnes, généralement reconnue aujourd’hui, ne remonte
guére qu’au nouveau romantisme du milieu du XVIIIe siécle.
Mais il faut justement faire abstraction de telles conceptions,
qui se rattachent á une époque particuliére, si l’on veut pouvoir
s’expliquer la réaction d’un peuple comme les Lapons á l’égard
des beautés de la nature. Le Lapon est heureux quand, arrivé sur
un sommet élevé, il découvre le vaste panorama qui s’étend devant
ses yeux; par contre, le désert pierreux et stérile que l’on rencontre
á la montagne au-dessus de la limite des arbres, n’éveille probable-
ment pas chez lui de vifs sentiments esthétiques. Mais lorsqu’au
cours de ses pérégrinations, il arrive devant un lac entouré de
hauteurs, il lui faut donner cours á ses sentiments en improvisant
un chant qui témoigne au juge impartial d’un sens plus profond
des beautés de la nature que celui qu’il est possible de percevoir
chez le touriste qui, dans son compartiment de chemin de fer,
s’exclame á chaque étoile de son Baedeker « Grossartig, wunder-
schön! ».
Dans son livre sur la vie des Lapons, le Lapon Johan Turi
décrit comme suit les sentiments des Lapons quand au printemps
ils franchissent la frontiére de la Norvége: « Lorsque les Lapons
au printemps traversent la montagne, ou il a fait froid et ou il
est tombé beaucoup de neige, il n’y a pas beaucoup d’endroits
oú le sol est á nu, mais il y en a juste assez pour que les rennes
puissent trouver leur nourriture, et lorsqu’ils arrivent en Norvége