Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Page 322
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LE NORD
Si l’on prend le mot de littérature dans son sens le plus large,
on peut dire que l’histoire de la littérature laponne commence
en 1619, lorsque les premiers livres destinés á l’édification des
Lapons furent publiés dans une langue qui tout au moins préten-
dait étre laponne. Depuis, un grand nombre d’ouvrages traduits
en lapon ont été publiés en Suéde, en Norvége (et au Danemark),
ainsi qu’en Finlande et en Russie. On n’a naturellement jamais
songé á créer une langue écrite commune á tous les Lapons. Ceci
n’aurait sans doute pas non plus été possible, étant donné que
les dialectes lapons sont si différents les uns des autres que l’en-
seignement d’une langue écrite commune nécessiterait, tout au
moins dans la périphérie du domaine de la langue, plus de temps
qu’on n’en a á sa disposition dans ce but. Autrefois, l’enseignement
scolaire des Lapons était partout extrémement succinct. II était
pratiqué la plupart du temps par des maítres d’école ambulants,
qui restaient quelques semaines ou quelques mois á chaque en-
droit. Aujourd’hui les enfants lapons re^oivent un enseignement
analogue á celui des autres enfants. En Finlande et en Russie,
on emploie des manuels lapons; en Suéde, on donnera prochaine-
ment á la langue maternelle laponne une place fixe au programme
scolaire.
En Suéde, on a utilisé, durant un siécle et demi, la langue
dite lapon méridional littéraire. C’est en cette langue que parurent
le Nouveau Testament en 1755 et toute la Bible en 1811.
Les Norvégiens se sont hautement distingués dans l’étude de
la langue laponne. II existe en Norvége des conditions parti-
culiérement favorables pour la formation d’une langue écrite la-
ponne. La province du Finmark en Norvége est le centre lapon
proprement dit; c’est lá qu’habite plus de la moitié de tous les
Lapons, et les dialectes parlés dans le Finmark se comprennent
aussi dans les régions plus au sud, jusqu’á Narvik et méme plus
loin, et ils sont compris aussi des Lapons des montagnes de Fin-
lande et des Lapons suédois du district lapon de Torne. Les pas-
teurs et les savants norvégiens ont fait un travail énorme pour la
formation de la langue écrite norvégo-laponne. Les résultats de
ces travaux ont été consignés entre autres dans quatre diction-
naires monumentaux publiés par Knud Leem (1768—1781),
N. Y. Stockfleth (1852), J. A. Friis (1887) et Konrad Nielsen
(1932—1938). J. Qvigstad, investigateur et collectionneur inlas-
sable, a également effectué un grand travail dans ce domaine;
parmi ses nombreuses publications, il convient particuliérement