Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Síða 323
LES LAPONS
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de mentionner ici les « Contes lapons » en quatre volumes (avec
traduction norvégienne).
A l’heure actuelle, une littérature indigéne laponne a vu le
jour. C’est avant tout la langue littéraire norvégo-laponne qui
a été utilisée. Parmi les auteurs qui ont écrit dans cette langue,
nous en avons déjá mentionné un, Nils Nilsson Skum. L’auteur
lapon le plus connu est Johan Turi, dont le livre « Muittalus
samid birra » (Récit sur les Lapons), publié en 1910, a été traduit
en danois, suédois, allemand et anglais. D’abord, Turi avait
l’intention de publier un exposé sur la situation et la vie des
Lapons afin de guider les autorités suédoises et norvégiennes,
qui, juste á ce moment, avaient á résoudre de difficiles problémes
administratifs et économiques se rapportant en partie au droit
historique des Lapons suédois á faire paítre leurs rennes dans
la Norvége septentrionale, et en partie á des conflits entre les
nomades et la population sédentaire. A cet égard, il convient
de relever que l’Etat suédois, déjá depuis le début du XVIIe siécle,
a travaillé sciemment á la colonisation de la Laponie. Le but de
cet effort n’a cependant jamais été d’entraver l’élevage lapon
du renne; mais l’évolution économique, de son cóté, a amené
des conflits entre l’élevage du renne et l’agriculture qui se rattache
á l’élevage des bovins. Ces différends sont encore plus difficiles
á régler du fait que, dans beaucoup de régions, des Lapons qui
ont du abandonner l’élevage du renne sont devenus eux-mémes
colons et se sont, en régle générale, installés justement dans les
contrées ou leur établissement devait plus tard préjudicier á
l’élevage du renne. Dans les parties de la Norvége septentrionale
ou depuis les temps les plus reculés les Lapons ont l’habitude de
séjourner avec leurs rennes en été, ce conflit d’intéréts prit avec
la dissolution de l’LJnion suédo-norvégienne, en 1905, un tel
caractére que ces questions durent étre réglées par la voie de
négociations diplomatiques. Etant donné cet état de choses, Johan
Turi se considéra appelé á exposer aux autorités la situation des
Lapons et la maniére dont ils envisageaient ces graves questions.
C’est á l’ethnologue danoise Emilie Demant-Hatt que l’on doit
d’avoir vu Turi faire un effort pour se lancer dans ce difficile
début dans la carriére des lettres. Turi n’arriva peut-étre pas tout
á fait á son but didactique, mais il eut par contre un succés artis-
tique qu’il n’escomptait surement pas. Turi a un talent en premier
lieu lyrique, mais son style est parfois d’une ironie mordante