Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Page 326
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LE NORD
nombre de petits relevés linguistiques faits depuis 1880 (par-
fois encore plus tót) dans presque toutes les régions laponnes du
Hárjedalen á la presqu’íle de Kola. Ce sont, outre J. Qvigstad
et le linguiste hongrois Halász, surtout les savants finnois Koski-
mies, Toivo Itkonen et Ravila, qui ont déployé leur activité dans
ce domaine.
Nous ne voulons pas approfondir la question de l’existence
future de la langue et de la nationalité laponnes. II faut relever
seulement que l’on a souvent entendu parler des Lapons comme
d’une « race mourante », mais c’est lá une allégation qui
manque absolument de fondement. Il est scientifiquement établi
qu’au point de vue anthropologique, le peuple lapon accroít
normalement et ne montre aucun signe de dégénération. Si mal-
gré cela les Lapons n’augmentent pas beaucoup numériquement,
c’est qu’il y a une certaine relation entre la langue laponne et
l’élevage du renne ou, plutót, les conditions de vie caractéristiques
des Lapons depuis l’antiquité. Ainsi que j’y ai déjá fait allusion,
lorsque les Lapons passent au genre de vie de leurs voisins séden-
taires, ils abandonnent, dans la plupart des régions, leur langue
laponne aprés deux générations et perdent ainsi leur nationalité
laponne primitive. L’élevage du renne, qui est une des exploita-
tions les plus extensives et qui demande le plus d’espace, a dans
le nord de la Scandinaivie atteint depuis longtemps la limite
extréme de ses possibilités d’extension. Telle est aussi la situation
de la péche qui, dés les temps les plus anciens, a été pratiquée
dans certaines régions laponnes, notamment sur la cóte de l’Océan
glacial. Dans la Laponie du sud, l’agriculture et l’élevage bovin
s’étendent victorieusement au détriment de l’élevage du renne.
Mais méme si les jours du renne sont comptés dans les contrées
méridionales, il y aura toutefois, pendant longtemps encore, un
territoire suffisamment étendu pour cet élevage, notamment dans
le district lapon de Tornea situé au nord du Torne trásk. Dans
ces conditions, il n’y a pas lieu de désespérer de l’avenir de la
langue laponne.
D’un autre cóté, l’étude scientifique de la langue et de la
civilisation laponnes traverse une période critique. Etant donnée
l’évolution rapide du réseau routier et de l’éducation populaire,
les Lapons se trouvent eux aussi enrólés dans notre communauté
culturelle standardisée européo-américaine; les vieilles traditions
populaires disparaítront avec les représentants de cette civilisa-
tion ancienne, qui sont ágés maintenant de 60 á 70 ans. Dans