Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Síða 310
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LE NORD
les conquérants et les percepteurs d’impöts norvégiens, finnois
et caréliens se rencontraient, parfois dans des conflits belliqueux.
Lorsqu’á l’époque des Folkungar, l’Etat suédois étendit son in-
fluence á la province actuelle de Norrbotten, le pays des Lapons
qui s’étendait á l’est des monts Kjcelen se trouvait entre les
mains des Birkarles, qui, pour la plupart, étaient des Finnois.
Ils étaient organisés en compagnies commerciales qui exploitaient
systématiquement les richesses du pays en gibier et en poissons.
La Couronne suédoise semble avoir reconnu cet état de choses
établi bien avant la consolidation de l’occupation suédoise et l’on
vit pendant deux ou trois siécles les Birkarles faire fonction d’in-
termédiaires entre les paysans lapons et les lointaines autorités
suédoises sans étre astreints á un contröle quelconque. Cet empire
des Birkarles dura jusqu’au temps de Gustave Yasa et ses derniers
vestiges ne disparurent qu’au début du XVI Ie siécle. Avant cette
époque, le christianisme ne semble pas s’étre réellement implanté
chez les Lapons. Pendant la derniére moitié du XVIIe siécle et
au début du XVIIIe, un travail missionnaire ardent et ferme a
été effectué dans les pays de Norvége, Suéde et Finlande. Avec
un zéle tout particulier, on sévit contre les tambours magiques.
Le tambour joue un röle important dans le culte chamanique
partout dans les contrées septentrionales du continent européen-
asiatique. Dans les régions plus á l’est et tout particuliérement
en Sibérie, le tambourin chaman a été utilisé principalement
comme un instrument au moyen duquel le chaman provoque chez
lui un état d’extase et de transe. Le tambour chaman lapon était
en méme temps un instrument de divination. La membrane était
entiérement peinte de figures qui symbolisaient des dieux, des
lieux de culte, des hommes, des rennes, etc. La surface de la
membrane était assez souvent divisée en différents segments qui
représentaient chacun une partie de l’univers. Le tambour était
ainsi une espéce de microcosme ou si l’on veut une carte magique.
Lorsqu’on voulait découvrir quelque chose, comme par exemple
la cause ou le cours d’une maladie, on plagait un anneau ou un
autre objet sur la membrane, aprés quoi le noaide frappait sur
la membrane avec un marteau. Si les choses se passaient selon
toutes les régles de l’art, l’objet mobile devait rester sur place
sans bouger, et son emplacement devenait alors décisif pour l’in-
terprétation du cas. Cette technique rappelle d’une fa$on frap-
pante la coscinomancie ou la divination au moyen d’un crible
qui, autrefois, était généralement répandue en Europe et surtout