Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Blaðsíða 79
PAYSANS DE FINLANDE
73
y fonderaient de nouvelles fermes deviendraient les paysans de
la couronne, c’est-á-dire ses baillés. Mais, comme nous le verrons
bientót, la situation de ceux-ci ne devait pas, jusqu’á la fin du
XVI IIe siécle, différer sensiblement de celle des paysans proprié-
taires de terres.
Les fermes isolées furent nettement la forme originale de la
colonisation dans la plus grande partie de la Finlande. Mais
celles-ci se divisant, il naquit peu á peu des groupes d’habitations,
des villages. Dans beaucoup de ces villages il y avait déjá alors,
selon les plus anciens cadastres, une vingtaine de maisons, mais
l’organisation villageoise ne s’est jamais développée en Finlande
d’une maniére aussi solide que dans l’Europe centrale. La forma-
tion des champs ouverts ayant une clóture commune était souvent
difficile, car les terres cultivables constituaient rarement de
grandes surfaces d’un seul tenant. Dans la plus grande partie de
la région lacustre centrale les fermes étaient toujours dispersées
et, lorsque l’augmentation de la densité des habitations rendit
indispensable la démarcation des champs, toutes les terres de ces
fermes furent entourées de clótures particuliéres. Mais dans les
régions cultivées du sud-ouest, les champs des différentes fermes
d’un village formaient á la fin du moyen áge, époque á laquelle
remontent nos plus anciens renseignements, de petites parcelles á
l’intérieur de grandes clótures communes qu’entouraient le bois
et le páturage communs d’un ou de plusieurs villages.
Dans les temps plus reculés, le morcellement des fermes entre
les héritiers étaient probablement une coutume assez répandue,
mais á partir du début des temps modernes elle est devenue de
plus en plus rare. Si cette habitude avait continué, il se serait
formé des propriétés minuscules qui n’auraient pas pu faire vivre
convenablement leurs cultivateurs ni, ce qui était le plus im-
portant pour le gouvernement, payer le lourd impót á la cou-
ronne. C’est pourquoi les rois de Suéde-Finlande tentérent toujours
davantage, á partir de la fin du moyen áge, d’empécher la division
des propriétés jusqu’á ce que fut établi en 1684 un minimum fixe
(1/4 de l’unité cadastrale). En méme temps, pour des raisons
techniques d’imposition, on interdit de détacher de la propriété
la moindre parcelle ou d’en céder les droits de jouissance, que ce
soit par vente, par échange, par nantissement ou par fermage á
long bail. Ainsi, le morcellement étant impossible, les fermes gar-
dérent la méme superficie que celle qu’elles avaient au XVIIe
siécle. Les fermes étaient comme une sorte d’Etat qui ne céde
Le Nord, 1943, 2—4 6