Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Blaðsíða 91
PAYSANS DE FINLANDE
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avait atteinte. En tant que membres du Jury et par l’instruc-
tion qu’ils avaient cherché eux-mémes á se donner, les représen-
tants paysans avaient acquis la connaissance des affaires publi-
ques, et la foi chrétienne offrait son fond de principe sur lequel
s’édifia le travail législatif. Beaucoup de ces paysans possédaient
des dons naturels d’orateurs et l’on a dit que les discours prononcés
au sein de leur état avaient un cachet infiniment plus personnel
que les avis émis dans les autres états. Les intéréts de l’état des
paysans qui, du temps suédois, s’étaient concentrés sur les questions
matérielles, s’étendaient alors aux branches les plus diverses de la
vie; les questions concernant le développement de la civilisation
finnoise, qu’il s’agít des écoles secondaires ou du théátre et des
belles lettres, étaient des questions toujours proches du cœur des
représentants á la diéte de l’état des paysans.
Les élections á cet état étaient indirectes. D’abord tous les
agriculteurs d’une méme commune qui n’avaient pas le droit de
vote dans un autre état, se rassemblaient et le nombre de voix
qu’ avait chacun d’eux dans cette assemblée dépendait de l’étendue
des terres qu’ils possédaient. La commune envoyait, suivant le
chiffre de sa population, un ou plusieurs électeurs, non pas directe-
ment á la diéte mais á l’assemblée élective de la circonscription
en question.
A la chambre unique élue au suffrage universel, á la suite de la
réforme électorale de 1906, les représentants des paysans conser-
vérent pendant les derniéres années de la domination russe la
méme situation qu’auparavant. Les agriculteurs comprenaient á
peu prés le quart des membres de la diéte et plus tard leur nombre
a encore augmenté. L’organisation des états telle qu’elle s’est dé-
veloppée en Suéde-Finlande revétait, á un certain point de vue,
un caractére corporatif et, á la suite de cette évolution historique,
l’état des paysans finit par ne représenter qu’expressément l’agri-
culture. La crainte de voir des hommes politiques professionnels
supplanter les agriculteurs — crainte ouvertement exprimée par
certains membres de la diéte au moment ou l’on passa de l’or-
ganisation par états á la diéte á chambre unique — s’est montrée
sans fondement.
La part que prirent les hommes du peuple á la vie publique
pendant des siécles laissa en héritage á la société démocratique
aussi bien en Suéde qu’en Finlande la participation immédiate des
paysans á l’administration et á l’élaboration des lois. La démo-
cratie n’est pas indirecte comme dans les pays de l’Europe cen-
trale, mais le peuple y exerce lui-méme le pouvoir.