Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Blaðsíða 144
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LE NORD
presque sans exception, incorrectes et infidéles ». « II faut avoir
comparé soi-méme les dessins et les originaux pour se rendre
compte qu’on a ajouté parfois, dans les ouvrages archéologiques
les plus célébres, par exemple chez Winckelmann, des figures
entiéres, et méme des figures principales, dont il n’y a plus la
moindre trace dans le monument, tandis que d’autres, qui s’y
voient encore, sont simplement omises ». « Je désire que ma
patrie . . . approuve un projet tendant á introduire de la méthode
et de la clarté dans une étude qui ría connu )usqría présent ni
régles ni netteté ». (Traduction du danois d’une lettre du 29/10
1791 á l’historien Suhm). Ce qui souligne aussi la perspicacité
scientifique des vues de Zoega, c’est qu’il plaide, bien en avance
sur son temps, en faveur de la composition d’un corpus systéma-
tique des monuments figurés de l’antiquité, corpus qui consti-
tuerait une base indispensable á toute étude iconographique ulté-
rieure. Dans ses œuvres, Zoega se montre plein d’initiatives nou-
velles dans la domaine de l’archéologie, un scrutateur d’une vaste
science et d’une critique de tous les instants. Ses études favorites,
dit-il, sont les sujets égyptiens7), et dans ce domaine il obtient des
résultats riches et originaux: L’histoire de l’Égypte sous l’empire
basée sur des études numismatiques (Numi Aegyptii Imperatorii.
Romae 1787); un ouvrage trés vaste sur les obélisques égyptiens
(De origine et usu oheliscorum, ad Pium Sextum, Pontificem
Maximum, auctore Georgio Zoega, Dano. Romae 1797), ou il
déploie toute l’érudition philologique et historique de son temps
et ou — et ce point est nouveau — il s’efforce de satisfaire á
ses propres exigences d’une reproduction scrupuleusement objec-
tive des monuments mémes (v. notre fig. 6). Dans son livre sur
les obélisques, Zoega exprime aussi des idées qui devaient exercer
une influence de grande portée sur le déchiffrage des caractéres
hiéroglyphiques.
Cet intérét manifeste pour les antiquités égyptiennes, mar-
quant surtout les premiéres études de Zoega á Rome, était en par-
faite harmonie avec son propre temps, mais cet intérét peut aussi
— c’est lá une simple hypothése de ma part, — avoir été directe-
ment favorisé par les voyages d’Égypte de Norden et aussi de Nie-
buhr. Quant á un autre savant, Frederik Miinter (1761—
1830), on sait, en tout cas, qu’il re§ut de fortes impressions de
7) Les études romaines de Zoega n’entrent pas, naturellement, dans le
cadre de cet exposé.