Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Blaðsíða 84
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LE NORD
de l’armée á la terre et la prescription des impóts comme traite-
ments des officiers, accentua la tendance á éviter toute variation
dans la possession des terres. II y avait maintenant beaucoup plus
de raisons qu’autrefois de veiller á ce qu’il ne se produisít pas de
changements dans la grandeur et le nombre des domaines, car
cela aurait bouleversé les effectifs des troupes fixés une fois pour
toute et provoqué de la confusion dans le paiement des officiers.
Pendant prés de deux siécles l’évolution des choses conduisit
á la diminution de la propriété fonciére des paysans qui devait
atteindre son minimum á la fin des grandes guerres (1721). Selon
un édit promulgué 1723, on vendit les fermes de la couronne, ou,
comme on dit « les droits d’héritage ». Ce n’était certes pas dans
l’intention de céder ces domaines expressément aux paysans qui
les cultivaient. On donnait au contraire, dans certains cas, la pré-
férence aux industriels ou aux propriétaires des domaines avoisi-
nants, mais plus tard, ces domaines passérent toujours davantage
en la possession des paysans. Ceci fut particuliérement sensible
á partir de 1789, année ou fut promulguée une nouvelle ordon-
nance concernant la vente des fermes de la couronne et qui était
plus avantageuse pour les paysans que les dispositions précédentes:
ce furent alors presque uniquement les locataires de ces fermes
qui se présentérent pour les racheter. Lorsque nous arrivons au
début du XIXe siécle, nous voyons que déjá alors la plus grande
partie de la terre se transforme en fermes « héréditaires » dans
la partie occidentale du pays, et la méme transformation se pro-
duisit au cours de ce siécle dans la partie orientale, plus pauvre,
du pays.
L’année 1789 marque aussi d’une autre fa^on un tournant
dans l’histoire des paysans suédo-finlandais. De nouvelles lois, que
l’idéal des physiocrates n’avait pas été sans influencer, accordaient
aux paysans des droits de propriété aussi larges et complets sur
les fermes « héréditaires » que ceux que les nobles possédaient
sur leurs propres terres: l’on rejetait ainsi officiellement la con-
ception féodale du droit de propriété du roi sur la terre du paysan;
l’on garantit aux locataires des domaines de la couronne un usu-
fruit héréditaire. En méme temps, on prescrivit que les impositions
antérieures resteraient indéfiniment en vigueur. L’on établit ainsi
d’une maniére explicite qu’il ne serait pas apporté de changement
á l’impót qui, en réalité, fut fixe dés le XVII' siécle.
Comme l’on entreprit de nouveaux défrichements et que les
propriétés recommencérent á se diviser, il pouvait se produire que