Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Blaðsíða 81
PAYSANS DE FINLANDE
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adultes y gardaient leur propriété privée. L’homme qui en faisait
partie gardait ses armes, ses outils, son cheval et le sol écobué par
lui ainsi que la récolte que celui-ci produisait, la femme surtout
le bétail. Les deux sexes distinguaient entre leur propriété á un
tel point que primitivement un fils héritait de son pére et une
fille de sa mére. Le passage á la culture moderne amenant une
propriété fonciére plus stabile, les champs cultivés restérent en
possession des hommes. L’usage traditionnel prima la loi de l’Etat
de sorte que les femmes caréliennes étaient encore au XIXe siécle
dépourvues du droit d’héritage sur la propriété fonciére. Si l’on
partageait la propriété commune d’une communauté familiale,
le pére y avait une part identique á celle de chacun de ses fils,
dont aucun n’avait de privilége sur les autres.
L’impót que les paysans devaient payer á la couronne pour
leurs terres s’éleva peu á peu jusqu’á ce qu’il atteignít, au milieu
du XVIIe siécle, le niveau auquel il devait se maintenir par la
suite sans changement. On calcula alors que l’impót foncier prenait
la totalité du revenu net de la terre; il était aussi élevé que le
loyer que les fermiers de la noblesse devaient payer au proprié-
taire de la terre pour une propriété d’étendue correspondante, et
il est significatif qu’á partir de ce moment l’on ne fit plus de dif-
férence, en ce qui concerne les charges financiéres, entre les
fermiers de la couronne et les paysans héréditaires, c’est-á-dire
ceux qui possédaient la terre. L’oubli de cette différence est á
rapprocher des conceptions féodales, qui, á partir des environs
de 1600, prirent pied en Suéde-Finlande: conformément á celles-
ci, le gouvernement commenga á considérer l’impót foncier com-
me un revenu prive légal du roi, comme une redevance payée
pour la terre qui appartenait en réalité á la couronne seule, et
sur laquelle les paysans n’avaient qu’un droit de jouissance héré-
ditaire (« droit d’héritage »).
II est vrai que pas plus les paysans que plusieurs juristes
autorisés n’acceptérent un tel point de vue. Mais ceci ne devait
pas moins influencer la législation et les actes des autorités com-
pétentes. Gustave Vasa avait déjá décrété que le paysan qui avait
négligé de payer ses impóts pendant trois ans perdait sa terre,
qui revenait á la couronne. Pendant les guerres constantes et des
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