Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Blaðsíða 143
RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES DANOISES 13 7
nome et le naturaliste de l’expédition, il s’était fait fort de noter
les matériaux archéologiques — ruines (fig. j) et inscriptions —
qu’il rencontra. II leva par exemple des copies fidéles et extra-
ordinairement importantes des inscriptions cunéiformes des ruines
de Persépolis, et rendit par lá un immense service á la science,
puisque ces copies devaient, comme on sait, former la base sur
laquelle, aprés des études ardues, divers philologues5) réussirent á
résoudre le mystére de l’écriture cunéiforme.6)
Cependant, méme les savants qui ne dépassent pas Rome, por-
tent dés lors leurs regards au delá de la seule Italie, vers l’Orient.
Dans la seconde moitié du siécle se place l’activité de deux des
archéologues danois les plus remarquables: G. Zoega et F. Miinter,
qui tous deux s’occupent d’études approfondies ne se rapportant
pas á l’Italie, sans toutefois quitter le sol de ce pays.
G e o r g (Jorgen) Z o e g a (1755—1808) est le méthodologiste
le plus fin de son siécle. Son désir impératif d’une étude systé-
matique de l’objet archéologique est tout-á-fait moderne. Voici
ce qu’il dit, portant une critique sévére contre le manque général
de méthode de ses contemporains: « Les antiquarii. . . se sont
contentés de discourir sur les monuments, chacun selon ses gouts
et ses intentions, s’en servant plutót pour faire montre de leur
génie et de leurs lectures que pour exposer nettement le monu-
ment méme et son contenu individuel. Telle est la raison pour
laquelle nous ignorons toujours quelles sont les œuvres de
l’antiquité qui nous sont restées et leur état. Nous n’en avons
ni descriptions ni inventaires exacts, et les gravures sont,
5) A ce travail, deux savants danois surtout se sont distingués, á cóté
de l’orientaliste allemand Grotefend: F. Miinter, voir ci-aprés, (Undersogel-
ser over de persepolitanske Inscriptioner. Kobenhavn 1800) et Rasmus Rask
(Om Zendsproget og Zendavestas Ælde og Ægthed. Kobenhavn 1826).
6) Alors que Niebuhr était encore absent, en expédition, un autre ex-
plorateur et naturaliste, Morten Thrane Briinnich (1737—
1827) partit, en 1765, de Copenhague pour le Midi, entreprenant une mis-
sion d’études, qui dura quatre ans, á travers la France, l’Italie, la Fíongrie
et encore — comme le tout premier Danois — dans í’Ouest des Balkans,
ou l’investigation archéologique danoise devait trouver ultérieurement un
champ spécial. Comme tous les autres voyageurs polymathiques de son
temps, Briinnich ne se contenta pas de sa spécialité, mais porta un intérét
universel á tout ce qu’il voyait. Les notes archéologiques et topographiques
de ses vastes journaux de voyage, inédits, sont toutefois d’un intérét
secondaire. (Voir un extrait succinct dans Recherches d Salone. Copen-
hague 1928).
Le Nord, 1943, 2—4
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