Gripla - 01.01.2003, Blaðsíða 117
LA MORT ÉDIFIANTE DE CHARLEMAGNE
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Ce motif est relayé par de nombreuses chroniques qui l’empruntent á la
Descriptio Qualiter Carolus Magnus Clavum et Coronam Domini a Con-
stantinopoli Aquisgrani attulerit ..., rédigée vers le XI™e siécle, sans doute
par un moine de Saint-Denis, et décrite par Gaston Paris dans son Histoire
Poétique.'5 Le succés de la Descriptio fut considérable, et l’on peut supposer
que cette demiére est parvenue au rédacteur de KmsB, sous une forme ou une
autre.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul endroit ou le texte norrois s’écarte de celui
du Speculum : C. B. Hieatt note que la fin du chapitre 3 de KmsB s’achéve sur
un paragraphe inconnu de Vincent. II est question dans ce paragraphe de la
répartition des reliques entre les différentes villes de son royaume : á Chartres
la chemise de Notre-Dame, á Saint-Denis la farine céleste ; quant á Aix,
l’empereur y fait bátir une splendide église entiérement ronde dans sa forme,
l’église Maria Rotunda.16 Enfin, l’histoire de l’évéque Sallinus (ou Salvius) est
le fruit de la compilation de trois passages différents du Speculum : l’un,
source principale, se trouve dans le livre XXIV, chapitres 23 et 24 ; les deux
autres lui ont été ajoutés, interpolés á partir du livre XVI, chapitre 90 et chapi-
tre 94.17
Le chapitre embryonnaire sur lequel s’achévent les manuscrits bl et b2 est
d’origine incertaine. C. B. Hieatt suggére un rapprochement avec le nom de
l’évéque « Servus », qui apparait dans un des miracles, lacunaire du début, de
la Maríu Saga.is Mais le texte de Kmsbl et b2 me semble trop embryonnaire
pour permettre une véritable comparaison. De plus, l’assimilation des deux
noms « Servus » et « Servas » pose un probléme. Si l’on ne voit pas de
connexion entre l’évéque Servus de la Maríu saga et Charlemagne, en
15 Histoire Poétique de Charlemagne, p. 55 ; Gaston Paris hésite encore á localiser la
composition de la Descriptio á Saint-Denis. Le texte intégral de la Descriptio a été édité par
G. Rauschen, Die Legende Karls des Grossen im 11 und 12 Jahrhundert, á la suite de la Vita
Karoli Magni, dont les versions sont, elles, immédiatement postérieures á la canonisation.
Voir aussi á ce propos les remarques de Paul Aebischer dans Les Versions norroises du
Voyage de Charlemagne en Orient. Leurs sources.
16 Le Pseudo-Turpin note que Charlemagne fut enterré dans la « beatae Mariae virginis basilica
rotunda » (éd. Meredith-Jones, p. 323), précisé en note par C. B. Hieatt, Karlamagnus saga.
The Saga of Charlemagne and his Heroes, vol. III, p. 338.
« This material from an earlier section of the Speculum Historiale was no doubt added
because it forms part of a sequence in which St Salvius, the « Sallinus » of Kms., is referred
to (lib. XVI, cap. xc), and thus was associated with the Salvius story proper of lib. xxiiii, cap.
xxiii—xxiiii », C. B. Hieatt, Karlamagnús saga. The Saga of Charlemagne and his Heroes,
vol.m, pp. 320-321.
Maríu saga, éd. C. R. Unger, vol. I, pp. 1042-1045.
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