Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Blaðsíða 83
PAYSANS DE FINLANDE
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du blé, de l’argent ou d’autres redevances semblables. Les paysans
de toutes les fermes dont les impóts avaient été cédés ou vendus
a des nobles, et qui comprenaient en 1652 41 % de l’ensemble
du pays, tombérent sous la dépendance de leurs seigneurs qui,
s’ils étaient barons ou comtes, exer^aient méme le droit de juridic-
tion sur eux. Cette méme année les anciens biens des nobles
exempts d’impót foncier, qui correspondaient au « domaine pro-
che » de France, représentaient 5 % de la terre, le reste étant des
terres payant l’impót á la couronne et cultivées par les paysans
de la couronne ou par les paysans « héréditaires ».
L’épisode féodal ne fut cependant que de courte durée. Dans
les vingt derniéres années du XVI Ie siécle, les fermes données ou
vendues revinrent á la couronne, sauf de rares exceptions, c’est-
á-dire que les paysans furent de nouveau amenés á payer l’impót
á la couronne. Si le paysan avait gardé son « droit d’héritage »,
il devenait de nouveau un « paysan héréditaire » et, s’il l’avait
perdu, il venait augmenter le nombre des paysans de la couronne;
les grandes exploitations fondées les années précédentes restérent
entre les mains des nobles. Cette grande restitution brise le
développement de la féodalité á ses débuts, avant que le plus
grand nombre des paysans n’aient eu le temps de tomber sous
le joug des nobles. Mais la restitution ne devait pas étre d’un
grand profit immédiat pour le paysan, car l’intendant de la
couronne pouvait étre un percepteur d’impóts plus sévére et moins
souple que le seigneur noble.
En plus de ceci, les paysans devaient trés vite, et d’une nouvelle
maniére, retomber dans la dépendance des fonctionnaires. La
couronne distribua, en guise de traitement, en particulier á des
officiers, mais aussi á des fonctionnaires civils, des impóts fonciers
en prescrivant que certains revenus déterminés devaient servir
á couvrir d’une maniére continue le traitement de certaines
charges. Les paysans durent ainsi de nouveau payer leurs impóts
á des particuliers et, comme on devait les payer principalement
en nature et méme pour une petite part en corvées, il naquit con-
stamment des frictions entre la classe des fonctionnaires et le
peuple sur le mode de paiement de ces impóts. C’est en vain que
les paysans essayérent, au cours du siécle suivant, d’obtenir l’auto-
risation de ne payer leurs impóts qu’en argent. On obligea en
méme temps les paysans á entretenir une armée permanente, deux
ou quatre fermes devant procurer et entretenir ensemble, en temps
de paix, un soldat d’infanterie ou de la marine. Le rattachement