Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Page 86
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LE NORD
femme on brigue l’argent »; et l’on continue: « le maintien de la
ferme dans une méme famille a été possible jusqu’ici, mais cela
paraít actuellement prendre fin, car l’édit qui entra en vigueur
en 1879 prescrit un partage égal entre les filles et les fils ». Cette
crainte était cependant excessive, car, lorsqu’on distribua, ces
temps derniers, des diplómes d’honneur aux paysans dont la ferme
avait été transmise héréditairement dans la méme famille pendant
au moins deux cents ans, on put constater que dans toutes les
provinces l’on en trouvait beaucoup.
Tous ces changements imperceptibles dont on vient de parler
donnaient, bien entendu, leur empreinte á la vie rurale de Fin-
lande. Mais vers le milieu du XVIIT siécle on procéda á une
réforme de grande envergure qui lui donna un aspect tout nou-
veau. Nous voulons parler du partage des communaux et de
l’abolition des champs ouverts des villages, ce qu’on appelle dans
l’histoire de la Finlande la « grande répartition des terres ». A
cette époque ou un nouvel intérét pour l’agriculture se fit sentir
dans tout le pays, on commen^a á se rendre compte des incon-
vénients que pouvaient présenter les champs ouverts et la jouis-
sance commune des foréts. Un édit promulgué en 1757, concer-
nant tout le royaume de Suéde, prescrivit une nouvelle réparti-
tion des terres et le partage des bois entre les fermes d’un village,
si un seul des copropriétaires l’exigeait. La base du partage était
le chiffre d’imposition de la maison, de fagon qu’il n’y eut
pas de sujets de friction comme ceux qui, en France, freinérent
le partage des communaux; les petites gens du village qui ne
payaient pas d’impóts fonciers ne regurent aucune part á la terre.
La couronne fonda de nouvelles fermes de colonisation dans
les « terres disponibles » qui devinrent sa propriété. La colonisa-
tion resta cependant malgré cela principalement á la charge des
particuliers qui l’effectuérent sur leurs propres terres. Ce ne furent
pas seulement les propriétaires nobles ou bourgeois, mais aussi les
paysans, qui fondérent sur leurs terres de nouvelles petites exploi-
tations dont les gérants, « tenanciers » (torppari), en payaient en
général la location en corvées qu’ils effectuaient dans la ferme
et dont le nombre n’était souvent limité par aucun accord.
Le partage des communaux affaiblit la situation de ceux des