Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Page 87
PAYSANS DE FINLANDE
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habitants du village qui ne possédaient pas de terres, puisqu’ils
perdaient leur droit de libre jouissance aux terrains á bátir, au
páturage et á la forét. Les journaliers furent soumis aux paysans
sur la terre desquels ils habitaient. Dans la partie orientale du
pays, ceux qui ne possédaient pas de terre n’avaient méme pas
leur propre logement: ils couchaient dans la salle commune ou
dans la « sauna » de la ferme.
En méme temps la situation des paysans s’améliorait: ces
nouveaux tenanciers leur fournissaient une main-d’œuvre bien-
venue. La transformation des fermes de la couronne en fermes
héréditaires fit de nombreux paysans les maxtres de leur terre;
l’abaissement réel de l’impót foncier, l’augmentation du rende-
ment des terres qui se fait sentir vers 1870, et surtout l’augmenta-
tion énorme de la valeur des foréts, multipliérent leur aisance.
Ce furent seulement les propriétaires de la terre qui jouirent des
droits politiques et communaux dont la valeur avait augmenté
avec la reprise de la Diéte en 1863 et la séparation de l’Eglise et
de l’administration communale.
Dans les communes rurales, en particulier dans la partie sud-
ouest du pays, il s’était fait un partage en deux, trés net. D’une
part, la classe florissante des paysans qui, si nous cherchons un
point de comparaison á l’extérieur du pays, fait penser á la
yeomanry anglaise du XVIP siécle et, d’autre part, la population
trés nombreuse sans terre, dépendant des paysans. C’est á cette
scission qu’est due en premier lieu l’aggravation du probléme social
á la fin de la domination russe.
En Satakunta il y avait, au début du XIXe siécle, des paysans
qui ne prenaient pas part au travail physique et l’on raconte que
certains d’entre eux ordonnaient á leurs tenanciers, les jours de
féte, de leur lire, dans la Bible, le texte du jour. Mais ces famil-
les conscientes de leur propre valeur montraient aussi un puis-
sant intérét pour la culture intellectuelle, et une description du
Satakunta, écrite en 1878, compare ces propriétaires á la bour-
geoisie de la fa$on suivante « Quand nous entrons dans la grande
salle d’une telle maison et que le maítre ou la maítresse de la
maison nous y regoit, il arrive facilement que nous bégayons un
peu quand nous parlons des messieurs et des paysans . .. Ne con-
sidérez pas comme extraordinaire si vous entendez parler du
dernier recueil de romans paru, ou des nouvelles de Suometar
(le principal journal de langue finnoise), ou encore, si étrange que
cela soit, des réflexions sur la nomination á la chaire de professeur