Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1943, Page 146
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méme.10) La conception courante fut abandonnée: les grands
voyageurs, au cceur ardent, avaient montré la voie, s’éloignant de
la traduction romaine de l’antiquité, pour aller vers les lieux ou
jaillissaient les sources pures. Brondsted passe vite de Rome en
Gréce (1809) en compagnie de jeunes hommes animés du méme
idéal: les Allemands Haller von Hallerstein et Linckh, l’Estonien
von Stackelberg, qui tous trois ont un nom estimé dans l’histoire
de l’exploration de la Gréce. A Athénes ils eurent la chance de
pouvoir se joindre aux jeunes et trés doués savants anglais,
Cockerell et Foster. Ensemble, ou par petits groupes, qui cepen-
dant se tenaient en contact les uns avec les autres, ces jeunes ex-
plorateurs11) firent, au cours des années suivantes, une série d’in-
vestigations et de fouilles, qui laissérent des traces marquantes
dans l’étude de l’histoire de l’art grec. Il suffit de rappeler leurs
études relatives á l’Acropole d’Athénes, les fouilles d’Égine (1811
et 1812) et de Phigalie (1813). Par ses voyages dans les provinces
grecques, Brondsted acquit l’expérience nécessaire á l’estimation
des objets d’art et des inscriptions antiques, ce qui forma un con-
trepoids utile aux points de vue littéraires, qui dominaient l’ar-
chéologie classique contemporaine. Mais, malgré tout, il resta, en
quelque mesure, lié par la conception étroite du temps, comme le
montre l’exemple suivant: Lors d’une visite á Janina en Épire,
Brondsted se trouva engagé dans des discussions théoriques avec
le collégue franjais, Poqueville, sur l’endroit ou l’on pourrait
bien trouver Dodone, alors qu’une autre ville de ruines de l’Épire,
Nicopolis, ne l’intéressait aucunement, bien que des vestiges trés
10) Ce plan d’études fut tracé a Copenhague d’accord avec son com-
pagnon de route et d’áge, son beau-frére Georg Koes, né en 1784.
Celui-ci mourut néanmoins en Gréce dés 1811 et fut enterré dans l’íle
de Zakynthos. Koes choisit une discipline toute neuve, la musique by-
zantine et orientale, a laquelle il fut initié par de savants musicologues grecs.
C’est surtout á Constantinople qu’il fit ces études, et il laissa á sa mort
des matériaux précieux, que Brondsted eut soin d’envoyer á Copenhague.
Koes est ainsi un précurseur de M. Carsten H 0 e g, lequel, aprés
avoir terminé des études linguistiques et etnographiques en Gréce en 1921,
a fait plusieurs voyages en Gréce et en Palestine á la recherche de monu-
ments musicaux conservés dans les cloítres et bibliothéques. La publication
du matériel recueilli, si important pour l’histoire de l’église paléochrétienne,
est déjá en cours dans les vastes Monumenta musicae Byzantinae sous les
auspices de l’Union académique internationale.
X1) Décrits comme de vrais anges dans la publication parue á l’occasion
du centenaire de la Société d’archéologie d’Athénes, 1937, 69 sqq.