Gripla - 01.01.2003, Blaðsíða 110
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d’augmenter á partir d’Eginhard et dés lors que la canonisation de Charle-
magne les rend nécessaires. Parmi ces textes dont l’inspiration oscille entre
celle des chroniques et celle des récits hagiographiques, on trouverait égale-
ment des passages plus polémiques dont l’inspiration est liée á des impératifs
politiques (comme l’a été l’affaire de la canonisation).
Mais ces textes trés disparates une fois réunis ne peuvent suffire á
constituer, á proprement parler, une tradition. Et la geste de Charlemagne est
particuliérement discréte sur ce point ; le passage d’un régne á l’autre, qui
permet la mise en place du motif généalogique si important dans la chanson
« de geste », se fait insensiblement : « Nella dinastia dei Carli e dei Luigi
occorre pure che gli uni muiano perché gli altri regnino »,3 écrit G. Contini. La
mort de Charlemagne y est insignifiante. Et le silence des épopées franqaises
sur la mort d’un roi fondateur peut paraítre surprenant, en comparaison de
l’importance que revét celle d’Arthur dans les grands cycles en prose qui lui
sont consacrés.
De son cóté, la Karlamagnússaga, histoire norroise de Charlemagne es-
sentiellement traduite de poémes épiques franqais, tend á retrouver la structure
biographique qui n’apparaít pas dans l’ensemble des poémes frangais. II est
vrai que ce cycle rassemble les éléments d’une biographie romancée dont les
origines remontent á toutes les sources, aussi bien poétiques qu’historiques,
légendaires et hagiographiques, et l’éclectisme explique sans doute cette
grande différence. Mais ce n’est pas uniquement une affaire de hasard.
Comme le font á la méme époque, sur le continent, les grands cycles
arthuriens, l’histoire norroise de Charlemagne cherche á donner un sens
général au récit qu’elle organise et á la matiére qu’elle rassemble. C’est trés
nettement une orientation édifiante que prennent ainsi les récits assemblés par
les rédacteurs de la Karlamagnússaga. Et le point culminant du cycle est la
mort de l’empereur, dont la signification, contrairement au texte du
Coumnnement, sera capitale. Cette « clöture du cycle carolingien », pourrait-
on dire pour emprunter l’expression et la perspective de Richard Trachsler,4
doit étre, ou devenir, signifiante. La dixiéme et derniére branche de la
Karlamagnússaga est donc intéressante parce que composite, certes, mais elle
l’est bien davantage par la maniére dont elle va combler le silence des
épopées, et donner un sens á cette cloture.
3 Ibid., p. 106.
4 R. Traschler, Clólures du cycle arthurien.