Gripla - 01.01.2003, Blaðsíða 111
LA MORT ÉDIFIANTE DE CHARLEMAGNE
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La tradition manuscrite
A considérer de plus prés les manuscrits qui conservent ce que Unger a appelé
la « dixiéme branche » de la Karlamagnússaga,5 on est amené á se poser en
d’autres termes la question de la fin du cycle norrois. II est en effet impropre
de parler de « branche X ». Les manuscrits de la version « a », la plus
ancienne, s’interrompent, pour le manuscrit A (AM 180 c fol) dans la
branche VII, et pour a (AM 180 a fol), vers la fin de la branche VIII. Les seuls
représentants sont donc les remaniements de la famille « p ». Mais les
chapitres qui terminent la Karlamagnússaga en B (AM 180 d fol), bl (AM
531 4to), b2 (Lbs 156 4to) et BN f. sc. 7 varient d’un texte á l’autre, soit quant
au contenu, soit quant á l’organisation des épisodes. La Karl Magnus Kr0nike
danoise, qui a été composée á partir d’une version plus proche de la premiére
copie norroise compléte,6 offre sans doute un modéle plus fiable de ce qu’a du
étre initialement la fin du cycle norrois de Charlemagne, mais sa version est
trés différente de celle des remaniements.
Unger a recomposé la branche finale á partir de huit chapitres tirés de B et
de bl (il n’avait á sa disposition ni b2 ni BN f. sc. 7). Et dans cette branche
reconstituée, le récit procéde de la fafon suivante : dans les chapitres 1 á 3 il
est question de l’expédition de Charlemagne á Jérusalem et Constantinople,
puis d’une série de miracles opérés par les saintes reliques offertes á l’em-
pereur. Les chapitres 4 et 5 sont consacrés au martyre de l’évéque Sallinus,
avec, inséré dans le chapitre 4, un épisode de la vie d’Amphiloque d’Iconium.
Le chapitre 6 est un éloge de la piété de l’empereur, auquel le pape Adrianus
donna l’autorisation exceptionnelle d’élire les dignitaires de l’Eglise dans tout
l’empire. A cet endroit de l’édition Unger (p. 552), on peut lire une variante en
notes : quelques lignes décrivant l’église d’Aix consacrée par la Vierge et
mentionnant saint Servais ; il s’agit sans doute du début d’un miracle, mais les
éléments sont trop peu nombreux pour en reconstituer la trame. Enfin les
chapitres 7 et 8, consacrés respectivement á la vision de Turpin et á la mort de
Karlamagnús, viennent clore la dixiéme branche de la saga dont le titre, « sur
les miracles et signes » (p. 537), est absent du manuscrit B. Unger l’a tiré du
5 Karlamagnús saga, éd. C. R. Unger. La traduction de Daniel Lacroix, établie d’aprés l’édi-
tion, (La Saga de Charlemagne), se trouve aux pages 846 á 885, précédée du titre : « miracles
et signes divers / mort de Charlemagne ».
6 Voir P. Skárup, « Contenu, sources, rédactions », dans Karlamagnús saga (DSL), p. 335.