Gripla - 01.01.2003, Blaðsíða 114
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trouve par exemple le récit de la guerre de Libye, un épisode rappelant la
chanson d’Ogier, un récit de la guerre contre Amarus, une fin de la guerre de
Saxe. D’autre part, la vision de Turpin y est attribuée á saint Egidius,
« skriftefader » de Karl Magnus, présent également dans la branche I de Ia
Karlamagnússaga, mais absent des autres branches.
En résumé, on peut dire que la fin du cycle norrois de Charlemagne existe
sous quatre formes : celle de B, version désordonnée qui se termine sur le
miracle de l’abbé Vallterus. Celle de BN f. sc. 7, qui est quasiment la méme, á
ceci prés qu’elle a déplacé deux chapitres et qu’elle copie l’exemple de
Vallterus en le dissociant explicitement du reste du récit. Celle de la chronique
danoise, peut-étre traduite de la « Vie Romancée », qui comprend de
nombreux épisodes entre la branche IX et la mort de Karlamagnús, et qui
attribue la vision de Turpin á saint Egidius. Celle, enfin, de bl et de b2, dont le
chapitre numéroté 6 n’apparait nulle part ailleurs, et s’arréte accidentellement
au milieu du début de ce chapitre, b2 ayant ajouté, aprés ce méme chapitre
qu’il laisse inachevé, un résumé de la Karl Magnus Kr0nike pour terminer son
récit.
Pour compléter ce tour d’horizon sur les relations entre les manuscrits, il
faut noter une demiére chose concernant bl et b2. Dans ces deux versions
sœurs issues du méme modéle, on a, semble-t-il, tout simplement remis en
ordre les chapitres communs á B, soit que leur modéle ait lu les indications de
B, soit qu’il ait effectué les corrections de lui-méme. Comme l’ont montré
Halvorsen et Jakobsen á sa suite, il est difftcile de croire que bl et b2 puissent
présenter le texte original: d’aprés Halvorsen, le scribe de b (=bl) a incorporé
les « suppléments » qui en B se trouvaient aprés la mort de Karlamagnús,
entre la fin de la branche IX et la Visio Turpinis. Les deux chercheurs sont
d’accord pour considérer les chapitres 1 á 5 ainsi que le « Landres þáttr »
comme des additions á la Karlamagnússaga,8
Les deux manuscrits fréres b 1 et b2 ont en commun un sixiéme chapitre
inconnu de B, que P. Skámp appelle « X.þ.2 »9 (p.2 étant le nom qu’il donne
au manuscrit source de bl et b2), qui est le début d’un miracle de saint
Servais. II semblerait que ce texte modéle s’arrétait de fa?on abrupte au bout
de quelques phrases. Les deux manuscrits n’ont pas traité le probléme de la
8 D'aprés E. F. Halvorsen, The Norse Version of the Chanson de Roland, p. 43, et A. Jakobsen,
« Er kap. 1-5 i del X af Karlamagnús saga lánt fra en samling æfintýr ? », Maal og Minne,
1959, p. 103-116.
9 P. Skárup, « Contenu, sources, rédactions », p. 341.