Milli mála - 05.07.2016, Blaðsíða 193
SARA EHRLING, BRITT-MARIE KARLSSON
Milli mála 7/2015
200
Briet, née à Abbeville et ayant résidé plus tard à Paris, où son œuvre
fut publiée5.
Tandis que le reste de l’œuvre de Crenne a suscité beaucoup
d’intérêt parmi ses contemporains et également chez les chercheurs
d’aujourd’hui, il n’en va pas de même pour sa version de l’Énéide.
Une explication partielle à cela se trouve probablement dans le fait
que, si les trois premiers livres de Crenne ont connu plusieurs édi-
tions modernes, sa traduction n’a donné lieu à aucune édition com-
plète postérieure à celle de 15416. L’ouvrage en question est d’ailleurs
de ce fait relativement difficile d’accès7. À l’heure actuelle, trois
exemplaires ont été localisés : un se trouve à la Bibliothèque nationa-
le à Paris8, un autre à Genève9 et le dernier à Berlin10.
Il existe cependant quelques études sur la version crennoise de
l’Énéide, se concentrant principalement sur la nature de cette traduc-
tion et ses sources11. On peut également constater que l’intérêt que
5 Nicolas Rumet affirme dans une chronique datant du XVIe siècle (publiée en
1902) que le nom de plume d’Hélisenne de Crenne cache une Marguerite Briet,
née à Abbeville (et mariée à Philippe Fournel, sieur de Crenne) : « Anno 1540,
mense Maio, perdocta mulier, ortu quidem Abbavillaea, nomen Margaritae Brie-
tae habens (vulgo dicebatur Helisenna Crennea), gallico poemate coruscabat
[…] » (« En 1540, au mois de mai, une femme savante, née à Abbeville et nom-
mée Marguerite Briet (mais communément connue sous le nom d’Hélisenne de
Crenne), a brillé par son poème/écriture en langue française […] » [traduit par les
auteurs de l’article]). Voir Nicolas et François, maïeurs et historiens d’Abbeville au
XVIe siècle. De Abbavilla, capite comitatus Pontivi, excerptum ex Historia Picar-
diae Nicolai, et suivi d’Extraits de la Chronique du pays et comté de Ponthieu, de
François. Publication et notes par Ernest Prarond, Paris : A. Picard et fils, 1902, p.
37.
6 Voir cependant l’édition du chant 4 sur http://rare.u-grenoble3.fr/spip/spip.php?-
article416 (publiée le 3 septembre 2014) [accédée le 19 octobre 2015].
7 Afin de remédier à cette difficulté d’accès, nous préparons actuellement une édi-
tion critique de la traduction de l’Énéide réalisée par Crenne. Ce travail est mené
dans le cadre du projet mentionné ci-dessus, financé par le Conseil scientifique
national suédois.
8 Bibliothèque nationale de France : Bibl. de l’Arsenal, Paris (Rés., Fol. B.L.613).
9 Bibliothèque Publique et Universitaire, Genève (Hélisenne de Crenne Hd 91 Rés
(2012-0310).
10 Staatsbibliothek zu Berlin (4” Wd 810).
11 Voir notamment la thèse soutenue en 2011 par Sharon Marshall, The Aeneid and
the Illusory Authoress: Truth, fiction and feminism in Hélisenne de Crenne’s
Eneydes ; voir aussi Christine M. Scollen-Jimack, « Hélisenne de Crenne, Octovien
de Saint-Gelais and Virgil », Studi Francesi XXVI/1982, pp. 197-210 ; Diane S.
Wood, Hélisenne de Crenne. At the Crossroads of Renaissance Humanism and
Feminism, Madison, Teaneck : Fairleigh Dickinson University Press, pp. 135-151,