Milli mála - 05.07.2016, Blaðsíða 310
CHARLOTTE LINDGREN
Milli mála 7/2015
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narrateur et de ceux des personnages, eux-mêmes transmis par le nar-
rateur, le tout construit par l’auteur à partir de son idée du lecteur im-
plicite, de l’environnement littéraire de l’époque, des possibilités lin-
guistiques de la langue source, etc.), son image du lecteur implicite de
la traduction (influencée par l’époque et le lieu où il travaille, ce qu’il
sait des envies et capacités linguistiques de ses supposés futurs lec-
teurs et de leurs parents/instituteurs, etc.), la langue cible qui lui im-
pose des limites parfois infranchissables, de même que l’éditeur (qui
lui impose aussi des limites sur lesquelles nous ne reviendrons pas
ici), et les illustrations qui imposent aussi des limites, soit concrète-
ment de place, soit carrément narratologiques selon le rôle accordé à
l’illustration. Il a aussi été montré que tout ce contexte traductologique
complexe est gouverné par des normes, que Gideon Toury33 appelle
normes initiales, le traducteur penchant vers une adéquation (au texte
et à la culture source) ou une acceptabilité (au texte et à la culture ci-
ble), normes préliminaires (quels types de textes sont choisis pour être
traduits) et normes opérationnelles (notamment linguistico-textuelles).
Dans cette mouvance des Descriptive Translation Studies34, dans le
cadre de la théorie des polysystèmes développée dans les années
1970 par Even-Zohar et Toury, plusieurs chercheurs ont fait des re-
cherches sur la traduction de la littérature de jeunesse. Shavit35 a par
exemple montré quels principes sont utilisés (on ne traduit que ce qui
est considéré comme « bon pour les enfants » et on adapte le texte au
niveau présupposé des enfants). La théorie des polysystèmes met en
valeur la place qu’occupe un texte dans son contexte d’origine (sour-
ce) et dans son contexte d’arrivée (cible) et permet dans la majeure
partie des cas d’expliquer bien des choix des traducteurs. Selon les
normes initiales, que l’on vient de mentionner, un des buts du traduc-
teur au sens large peut, par exemple, être l’intégration de son œuvre
dans la culture cible. Les chercheurs de ce domaine ont mis en évi-
dence différentes stratégies utilisées par le traducteur, souvent au sens
33 Gideon Toury, Descriptives Translation Studies and Beyond, Amsterdam : Benja-
min, 1995 et Descriptive Translation Studies – and Beyond. Revised edition, Am-
sterdam : Benjamin.
34 Ibid.
35 Zohar Shavit, Poetics of Children's Literature, Athens, Ga. : University of Georgia
Press, 1986.