Milli mála - 05.07.2016, Page 202
DIDON ET ÉNÉE DANS LE SEIZIÈME SIÈCLE FRANÇAIS
Milli mála 7/2015
209
Crenne insiste sur ce point, c’est que le héros troyen, Hector, était
depuis le Moyen Age tenu pour l’ancêtre de la famille royale32 ; il
devait donc mourir comme un héros.
Crenne affirmant avoir apporté des éclaircissements au texte de
Virgile, il nous semble essentiel d’étudier certains d’entre eux, princi-
palement dans le premier livre de l’Énéide.
5. La voix du narrateur
Certaines des clarifications qu’on peut observer dans le texte ont trait
à la voix narratrice, qui est plus visible dans le texte de Crenne que
chez Virgile. Cette voix est, selon la tradition épique, plus distincte au
début du récit. Dans la citation suivante, le narrateur annonce le sujet
de son récit (le texte latin suit l’édition Budé 33 ; nous donnons égale-
ment dans le texte la traduction de Jacques Perret en français mo-
derne34, et dans les notes, une traduction littérale et juxtalinéaire, à
l’origine établie par Édouard Sommer et puis restituée par Gérard
Gréco35) :
Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam fato profugus Lauiniaque venit
32 François Ier avait en effet « évoqué le mythe d’une origine troyenne du monarque
français et de sa nation » en établissant, sous forme poétique, un parallèle entre
lui-même et Énée dans une lettre adressée à sa sœur Marguerite. Voir Jean-Max
Colard, « Le courage. ”La veine royale” de François Ier poète », dans Devenir roi.
Essais sur la littérature adressée au Prince. Sous la direction d’Isabelle Cogitore et
Francis Goyet, Grenoble : Ellug, 2001, pp. 119-146, ici pp. 137-139.
33 Virgile, Énéide, texte établi et traduit par Jacques Perret, Paris : Les Belles Lettres,
2009 [1977].
34 Ibid.
35 Virgile, Premier Livre de l’Énéide: Les Auteurs Latins : Expliqués d’après une mé-
thode nouvelle par deux Traductions Françaises, l’une littérale et juxtalinéaire
présentant le mot à mot français en regard des mots latins correspondants, l’autre
correcte et précédée du texte latin, Paris : Librairie Hachette et Cie, 1880. Cet ou-
vrage a été restitué et mis en ligne par Gérard Gréco en 2008. Nous utilisons la
Restitution v. 0.5 : Gérard Gréco copyright 2010, disponible sur le lien suivant :
http://gerardgreco.free.fr/IMG/pdf/EnA_c_ide-livre-I-v0.5-juxta.pdf. Le suivant
avis est relatif à la traduction littérale et juxtalinéaire : « On a réuni par des traits
les mots français qui traduisent un seul mot latin. On a imprimé en italique les
mots qu’il était nécessaire d’ajouter pour rendre intelligible la traduction littérale,
et qui n’ont pas leur équivalent dans le latin. Enfin, les mots placés entre paren-
thèses, dans le français, doivent être considérés comme une seconde explication,
plus intelligible que la version littérale. »