Milli mála - 05.07.2016, Side 209
SARA EHRLING, BRITT-MARIE KARLSSON
Milli mála 7/2015
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(Les Eneydes, trad. Crenne, ch. XV, fol. xiiii ro)
Cette traduction suit de près celle de Saint-Gelais :
En poursuyvant le divin sort fatal
Ayant fiance et mon espoir total
A ma mere deesse saige et duyte
Qui nous devoit donner seure conduyte
(Les eneydes, trad. Saint-Gelais)
Saint-Gelais accorde cependant moins d’importance à l’amour ma-
ternel que ne le fait Crenne : chez lui, c’est en premier lieu en tant
que déesse que Vénus est capable de guider Énée, alors que chez
Crenne, c’est clairement l’affection maternelle qui guidera ses pas.
Virgile, quant à lui, souligne autant l’importance de la divinité de Vé-
nus que celle de l’affection maternelle, en faisant dire à Énée que
matre dea monstrante uiam, data fata secutus;
(Aen 1. 382)40
ma mère, ma déesse, m’indiquant la route,
j’obéissais aux oracles qui m’étaient donnés.
(Énéide, trad. Perret, p. 20)
Peu après, Vénus coupe la parole à Énée, sa tendresse maternelle ne
lui permettant pas d’écouter jusqu’au bout le récit de la souffrance
de son fils :
La prononciation de telle complaincte, provocqua Venus à telle
compassion, que pour estre mere ne la pouvoit plus souffrir.
Parquoy forcée fut d’interrompre & sincopper de son Enée la
dolente & piteuse voix […].
(Les Eneydes, trad. Crenne, ch. XVI , fol. xiiii ro)
Dans le texte source, il n’est en effet pas tout à fait clair si c’est en
raison de sa propre douleur, ou en vertu de celle d’Énée, que Vénus
s’interrompt :
40 « […] poursuivant les destins à moi donnés, la déesse ma mère me montrant la
route » (Trad. Sommer).