Milli mála - 05.07.2016, Síða 307
QUE RESTE-T-IL DU PERSONNAGE DE FINDUS DANS LES VOIX DE PETTSON ET PICPUS : ÉTUDE
D’UNE TRADUCTION DU SUÉDOIS AU FRANÇAIS
Milli mála 7/2015
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permet l'étude combinée de textes originaux, des textes traduits et
des agents qui les produisent22.
On cherche « la voix du traducteur » au sens restreint ou au sens plus
large de « traducteur implicite » (voir ci-dessous) et on peut trouver
des indications très concrètes de sa présence dans le paratexte, mais
aussi des indications plus ou moins évanescentes dans le texte lui-
même. Celles-ci peuvent alors rester parfaitement invisibles sans une
comparaison avec le texte source puisqu’il peut être difficile de mettre
le doigt sur le style d’un traducteur ou même d’un auteur. Si l’on foca-
lise l’attention sur le discours rapporté, on peut dire que l’auteur dis-
pose d’une boîte à outils littéraires lui permettant de faire parler en
langue source les personnages, au discours direct ou indirect. Il existe
des études linguistiques en langue source (ici le suédois23, qui a de
nombreux moyens linguistiques de marquer l’oralité) qui indiquent
quels sont les outils utilisables et quels sont les outils les plus caracté-
ristiques : ceux qui par exemple, ont pour effet que le lecteur recon-
nait une voix dans un énoncé. On reste toutefois dans le domaine de
la littérature avec ses frontières : l’auteur ne peut (et il le veut rare-
ment) faire parler les personnages exactement comme dans la réalité.
Celle-ci est si complexe, diversifiée et changeante, qu’une telle voix
serait rapidement obsolète (comme cela se remarque dans certains
textes qu’on trouve surannés en tant que lecteur). Mais parfois, cʼest
pour des raisons purement linguistiques que le traducteur ne dit pas la
même chose que l’auteur,. La majeure partie des lecteurs ne réagit
22 Cecilia Alvstad, « Voices in Translation », Handbook of Translation Studies: Vol-
ume 4, éd. Yves Gambier et Luc van Doorslaer, Amsterdam : John Benjamins
Publishing. 2013, pp. 207-210, ici p. 209. Notre traduction.
23 En suédois les exemples sont légion mais, par manque de place, nous ne pou-
vons développer ici. Voir pour des exemples concrets : Carina Andersson et
Charlotte Lindgren, « Représentation de l’oral à l’écrit dans les traductions en
français de livres suédois pour enfants », éd. Paul Danler, New York : De Gruyter,
2010, pp. 301-309 et Charlotte Lindgren, « La voix de l’enfant dans l’œuvre tradui-
te en français de Moni Nilsson », TRANS. Revista de Traductología 18/2014, pp.
67-83. En français, les moyens pour exprimer l’oralité sont moins formalisés et
sont plus difficiles à utiliser sans changer de registre, voir Charlotte Lindgren,
« He speaks as children speak: more orality in translations of modern Swedish
children’s books into French? », Translating Fictional Dialogue for Children, Bar-
celona, éd. Martin Fisher et Maria Wirf-Naro, Berlin : Frank & Timme Verlag für
wissenschaftliche Literatur, 2012, pp. 165-185, ici p. 174.