Milli mála - 2021, Blaðsíða 147
MILLI MÁLA
146 Milli mála 13/2021
phraséologiques » : les « unités phraséologiques » et les « séries
phraséologiques » (ou « groupements usuels ») (Tutin 2013, 48). Ce
dernier groupe correspond à la notion de collocation d’aujourd’hui.
Bally (1951 [1909], 70) en donne de nombreux exemples, qui sont
régulièrement cités dans la bibliographie sur les collocations, comme
grièvement blessé, gravement malade, désirer ardemment, aimer éperdument,
intimement lié, refuser catégoriquement, chaleur tropicale (cf. également
Hausmann et Blumenthal 2006, 8). Selon cette conception étroite, la
collocation est une construction binaire constituée d’une « base »
superordonnée au niveau cognitif (par exemple blessé dans grièvement
blessé) et d’un « collocatif » qui lui est cognitivement subordonné
(grièvement).
La collocation est considérée comme une unité binaire selon
l’acception qualitative. D’après Siepmann (2005, 415), cela est vrai
pour la plupart des collocations. En revanche, il constate qu’on peut
argumenter que plusieurs collocations à trois constituants peuvent
être réduites à une structure binaire. Ainsi, la collocation prendre une
bouffée d’air est constituée de (air + bouffée) et du verbe prendre, et ulcère
gastrique bénin se décompose en (ulcère + gastrique) et bénin. Si l’on
accepte l’idée des collocations à trois constituants, on constate
aisément, selon Siepmann (2006, 416), que plusieurs combinaisons
binaires que l’on considère traditionnellement comme relevant de la
combinaison libre (par exemple accepter des pièces) sont en réalité
emboîtées dans une structure d’une nature collocationnelle plus
grande. Il cite l’exemple le parcomètre n’accepte que des pièces de 20
centimes, pour illustrer une collocation à trois constituants avec un
complément d’objet direct non animé. Siepmann (2005, 416) constate,
au sujet des collocations comme tomber à gros flocons (sujet : neige) et
emporter la conviction (sujet : argument), qu’il est difficile d’identifier
une relation systématique entre le verbe et le substantif puisque toute
la collocation dépend sémantiquement d’un sujet spécifique (par
exemple neige dans le cas de tomber à gros flocons).
II.2 L’approche quantitative ou distributionnelle
L’approche orientée sur la fréquence ne se limite pas à la définition
d’une collocation comme une unité binaire dotée d’une structure
PIEUX MENSONGE OU MENSONGE BLANC ?
10.33112/millimala.13.6