Milli mála - 01.06.2014, Blaðsíða 40
Milli mála 6/2014 43
FRANÇOIS HEENEN
UNIVERSITÉ D’ISLANDE
Les usages stylistiques de l’imparfait
Introduction
epuis presqu’un siècle déjà l’imparfait du français ne cesse
d’attirer la curiosité des chercheurs, qu’ils soient sémanti-
ciens, pragmaticiens, grammairiens ou spécialistes en didactique du
français langue étrangère. Les théories sont aujourd’hui très nom-
breuses et ce n’est pas l’objectif ici d’en faire un inventaire complet.
Un problème fondamental et incontournable posé par cette catégo-
rie verbale est la variation de ses valeurs temporelle et aspectuelle.
Tout chercheur en sémantique du verbe français y est confronté.
Pas de nouvelle théorie sur l’imparfait qui n’ait été testée sur les
usages « stylistiques » comme l’imparfait narratif, l’imparfait contre-
factuel, l’imparfait de clôture ou l’imparfait hypochoristique, pour
ne citer que quelques exemples.1 La plasticité de l’imparfait et son
habilité à prendre la place d’autres temps comme le présent, le passé
simple, le passé composé ou le conditionnel, sont pour lui des ca-
ractéristiques légendaires qui lui ont d’ailleurs valu quelques appella-
tions cocasses, telles que « le coucou » ou « bernard-l’ermite ».2 Cette
difficulté des linguistes à expliquer les variations de sens de
l’imparfait se répercute dans le domaine de l’apprentissage du fran-
çais langue étrangère. Nombreux sont les chercheurs en didactique
des langues qui pointent l’inadéquacité des manuels où l’emploi de
1 L’usage du terme « stylistique » pour désigner globalement les usages non-temporels, mo-
daux ou perfectifs est attesté dans Jacques Bres, « L’imparfait : l’un et/ou le multiple? », Nou-
veaux développements de l’imparfait, textes réunis par Emmanuelle Labeau et Pierre Larrivée, Amster-
dam-New York : Rodopi, 2005, pp. 1–32, ici p. 6.
2 Termes trouvés dans Jacques Bres, Master 1 sciences du langage, UE 2 V12SL1. Sémantiques dis-
cursives, p. 60, http ://asl.univ-montp3.fr/L108-09/S2/E21SLL1_Gram1/E21.pdf [tiré le
26/02/2014].
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