Milli mála - 01.06.2014, Blaðsíða 42
LES USAGES STYLISTIQUES DE L’IMPARFAIT
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dant une double valeur sémantique de temps passé et d’aspect im-
perfectif, différente donc de celle du passé simple ou du passé
composé considérés eux comme perfectifs. Si on se base sur un ma-
tériel suffisamment varié on voit pourtant que ces valeurs sont su-
jettes à des écarts très importants. En langue écrite comme parlée
l’imparfait est régulièrement utilisé avec des valeurs temporelles et
aspectuelles complètement différentes de celles qu’on lui attribue
dans les manuels de grammaire. La tâche des chercheurs est alors de
déterminer si le contexte est responsable de ces variations, ou s’il
faut attribuer à l’imparfait d’autres valeurs que le passé et
l’imperfectif. Parmi les grands courants de recherche il y a une ap-
proche polysémique qui pose comme prémisse que le sens de base
d’un verbe peut se modifier en langue, et une approche monosémi-
que qui détermine un sens fondamental de l’imparfait et qui spécifie
comment ce sens s’adapte aux usages en question.4 La multiplicité
des usages de l’imparfait n’est pas non plus au goût de tous les
grammairiens. Certains dénoncent une évolution dangereuse de la
catégorie, un glissement vers le domaine du passé simple ou du pas-
sé composé.5
Variation de valeur temporelle passé
Pour argumenter la valeur fondamentale passé de l’imparfait il suffit
de constater que lorsque le contexte est minimal, on a tendance à
imaginer l’action comme se déroulant dans le passé. Si le verbe in-
dique une activité dynamique, comme dans lʼexemple ci-desssous,
lʼaction est même considérée comme non-valide au moment de
lʼéconcé:
1) « Je rentrais chez moi. »
Force sera de croire que le locuteur n’est plus en train de ren-
trer chez lui au moment de l’énoncé. Si le verbe exprime un état, à
4 Pour une discussion sur les problèmes de l’approche monosémique voir Emmanuelle La-
beau, « L’unité de l’imparfait : vues théoriques et perspectives pour les apprenants du fran-
çais langue étrangère », Travaux de linguistique 45(2)/2002, pp. 157–184, ici p. 160.
5 Pour plus de détails concernant les réticences de grammairiens vis-à-vis de certains usages de
l’imparfait voir Louis de Saussure et Bertrand Sthioul, « Imparfait et enrichissement pragma-
tique », Nouveaux développement de l’imparfait, Textes réunis par Emmanuelle Labeau et Pierre Larrivée,
Cahier Chronos 14/2005, pp. 103–120, ici p. 103.