Milli mála - 01.06.2014, Page 43
FRANÇOIS HEENEN
Milli mála 6/2014
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moins quʼune information affirme le contraire, on imagine aussi cet
état comme révolu. Ce serait le cas si quelquʼun répondait « J’étais
sportif » à la question « Tu es sportif ? », bien que la réponse sui-
vante soit aussi possible :
2) « J’étais sportif, et je le suis encore. »
Les exemples ci-dessous illustrent cependant des usages cou-
rants de l’imparfait qui n’encouragent pas l’interprétation de l’action
comme passée parce que dans la situation de communication telle
qu’on l’imagine intuitivement, le procès est valide au moment de
l’énoncé. Le problème posé par ces exemples, appelés non-
temporels, est donc que la valeur passé de l’imparfait y est appa-
remment « impertinente » :
L’imparfait de politesse ou d’atténuation :
3) A s’adresse à B à qui il veut lui demander un service : « Je
voulais vous demander un service. »
L’imparfait dit « stylistique » :
4) A parlant d’un vase dans un magasin, qu’il a finalement
décidé de ne pas acheter : « Dommage, il était beau ce vase. »
Le discours indirect :
5) A parlant à B : « On m’a dit que vous étiez là. »
D’autres usages sont appelés contre-factuels ou modaux par-
ce que le procès exprimé à l’imparfait est fictif et ne s’est jamais dé-
roulé dans le passé.
L’imparfait hypothétique :
6) A imaginant une action et ses conséquences : « Si tu faisais cela,
je te haïrais. »
L’imparfait contre-factuel ou d’imminence contrecarrée :
7) A se rendant compte qu’il allait tomber dans un piège : « Encore
un peu et je tombais dans le piège. »
Variation de la valeur aspectuelle
Anne-Marie Berthonneau et Georges Kleiber résument très bien ce
que l’on entend généralement par « aspect imperfectif » de
l’imparfait:
Solidement ancrée dans les travaux antérieurs (Guillaume ; Sten, 1952 ;
Klum, 1961 ; Imbs, 1965), [l’option aspectuelle] exprime la différence