Milli mála - 01.06.2014, Blaðsíða 53
FRANÇOIS HEENEN
Milli mála 6/2014
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alors que cela ne pose pas de problème si le verbe est au passé
composé :
20) *L’année dernière il faisait chaud à Paris, en mai.
L’année dernière il a fait chaud à Paris, en mai.
L’innovation apportée par Anne-Marie Berthonneau et Geor-
ges Kleiber dans l’approche anaphorique est de considérer
l’antécédent comme porteur de caractéristiques conceptuelles et
non pas uniquement temporelles :
le statut anaphorique d’un temps grammatical ne peut plus se limiter au
seul temps : « Puisque le réfèrent est la situation elle-même, d’une certaine
façon c’est aussi celle-ci qui, dans le cas d’un temps anaphorique, est ana-
phorique, c’est-à-dire qu’elle est en relation avec un état de choses déjà
mentionné ou manifeste d’une autre façon. Il est alors normal que cette
relation d’anaphoricité ne se limite plus seulement au temps, puisqu’il
s’agit de situations ayant leurs caractéristiques propres qui sont en rapport,
mais qu’il faille encore un autre type de continuité référentielle.30
Ils constatent avec justesse que la seule présence d’un circonstant
temporel dans la phrase ne suffit pas pour justifier l’emploi de
l’imparfait :
21) « Hier, je déménageais. »
L’interprétation de la phrase reste incomplète malgré la présen-
ce du complément « hier ». En se basant sur cette nouvelle concep-
tion de l’anaphore, Anne-Marie Berthonneau et Georges Kleiber
redéfinissent la valeur de l’imparfait de la manière suivante :
« (i) l’imparfait est un temps anaphorique, mais l’antécédent n’est pas un
« moment » dans le passé, mais une situation dans le passé ; (ii) la relation
anaphorique qui unit l’imparfait à son antécédent n’est pas une relation de
coréférence globale (et donc de simultanéité temporelle), sur le modèle de
l’anaphore pronominale, mais une relation méronomique : l’imparfait pré-
sente le procès auquel il s’applique comme une partie, un ingrédient d’une
situation passée saillante. »31
30 Voir Berthonneau et Kleiber, « Pour une nouvelle approche de l’imparfait. L’imparfait, un
temps anaphorique méronomique », p. 66.
31 Voir Berthonneau et Kleiber, « Un imparfait de plus… et le train déraillait », p. 21.