Milli mála - 01.06.2014, Page 57
FRANÇOIS HEENEN
Milli mála 6/2014
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sont les variables E, P et S, et dans celle de Anne-Marie Berthon-
neau et Georges Kleiber c’est un état de chose dont le procès ex-
primé à l’imparfait est une partie. Puisque, comme l’affirment ces
auteurs, ces entités à déterminer sont indissociables du sens de
l’imparfait, il faut conclure qu’elles sont encodées par le morphème
de ce tiroir verbal et que le destinataire ne peut les contourner. Cela
signifie également, et surtout, que le raisonnement dont se sert le
destinataire pour définir ces entités est automatique.
Comprendre les emplois stylistiques
à travers les trois approches
Aucune de ces trois approches n’a pour objet principal d’expliquer
les emplois stylistiques de l’imparfait. Elles cherchent avant tout à
défendre une conception générale de ce tiroir verbal et les emplois
non-temporels, modaux ou perfectifs, nʼy sont analysés
qu’accessoirement. Il y a donc inévitablement dans ces analyses une
part d’arbitraire. On le constate notamment dans le cas de
l’imparfait de politesse par le fait que chaque auteur défini l’effet de
politesse à sa manière : pour Louis de Saussure et Bertrand Sthioul
la politesse émane du fait que « l’énoncé représente une pensée, et
non directement un fait » alors que pour Anne-Marie Berthonneau
et Georges Kleiber « la courtoisie consiste à présenter
l’interlocuteur comme l’instigateur de la demande ».41 Pourquoi
deux effets différents ? On ne peut s’empêcher de penser que ces
définitions soient influencées par les conceptions générales de
l’imparfait que ces auteurs défendent.
Forcément plus objectifs, puisqu’ils sont communs aux trois
approches, les deux points de vue mis en évidence dans la section
précédente nous offrent des indices importants pour comprendre
ces emplois stylistiques. Nous allons voir comment il serait possible
uniquement sur base de ces opinions de concevoir une explication
pour l’imparfait de politesse. Reprenons, pour illustrer cette explica-
tion, l’exemple cité page 3 :
41 Voir Saussure et Sthioul, « Imparfait et enrichissement pragmatique », p. 110 et Berthonneau
et Kleiber, « Imparfait et politesse : rupture ou cohésion ? », p. 82.