Milli mála - 01.06.2014, Page 104
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IRMA ERLINGSDÓTTIR
UNIVERSITÉ D’ISLANDE
Inscriptions du politique
chez Hélène Cixous
Différence sexuelle, rêves et résistances
e politique chez Hélène Cixous est une affaire de langue,
d’ouverture d’un espace métaphrastique qui laisse arriver
quelque chose. Il s’agit en quelque sorte d’une traduction (« impos-
sible » qui ouvre pourtant sur des possibles), d’un langage qui serait
dérivé d’un autre langage, d’une lecture qui efface et ressuscite, qui
défait et refait ou rerêve. Ce qui nous intéresse ici ce sont les mani-
festations du politique dans une œuvre où celui-ci évoque à la fois
la question du statut de l’objet littéraire, des enjeux de l’écriture et
des rapports de l’écriture à la vie. Il ne concerne donc pas seule-
ment les engagements personnels de l’auteur ou les positions qu’elle
peut prendre ; son écriture même est fondamentalement politique.
Cet article propose une lecture de la corrélation entre poésie, politi-
que et différence sexuelle dans l’œuvre d’Hélène Cixous, et dans ses
entrecroisements avec celle de Jacques Derrida, tout en interrogeant
les résistances que son écriture à la fois provoque et inscrit.
L’écriture politique chez Hélène Cixous se présente comme une
pratique déconstructive de justice. L’écriture est, pour elle, et de la
même façon que le rêve, un moyen de « libération » et, plus généra-
lement, un exercice permettant d’échapper aux structures prépon-
dérantes dans la pensée et la culture.
Puissances de l’écriture ou les politiques du rêve
L’évocation du politique est fréquente chez Hélène Cixous, surtout
dans ses textes dits « théoriques » et il en est souvent question dans
L