Bibliotheca Arnamagnæana. Supplementum - 01.08.1967, Side 153
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Nous avons des exemples d’une union du vieux et du nouveau style dans une seule et méme oeuvre aussi
bien dans le domaine de la sculpture sur bois que dans celui de la miniature.
L’ouvrage en bois sculpté qu’on peut dater avec le plus de certitude comme étant de cette période,
c’est une chaise (fig. 66 et 67) de l’église de Draflastaðir dans le Fnjóskadalur (en Islande du Nord). La
datation peut se fonder sur une inscription figurant a la partie superieure du dos de la chaise ainsi que sur
Je style des sculptures. Sur chacun des poteaux corniers, on voit un chevalier en costume Renaissance, en
ronde bosse. Mais les autres figures représentées, hommes et animaux en lutte, (á la partie inférieure du
haut du dos de chaise) ont un caractére nettement médiéval. Les entrelacs rubannés trés serrés peuvent
étre dus á une influence Renaissance, mais il y a par ailleurs des sarments se fondant sur des formes
romanes et un mélange d’ornementations a sarments et á rubans.
Guðbrandur Þorláksson, évéque de Hólar 1571-1627, était une puissante personnalité. Gráce á son
activité, la nouvelle doctrine religieuse conquit toute 1 Islande. C est a lui que sont dues la traduction et 1 edi-
tion de la premiére Bible islandaise in extenso (1584). L’art de la sculpture sur bois ne lui était pas étranger
et plusieurs objets que l’on a conservés lui sont attribués á tort ou á raison. II est certain que la plupart des
estampes sur bois qui illustrent l’édition de la Bible sont d’origine allemande, mais parmi les initiales, il y
en a qui sont entourées de sarments en «style islandais», sans doute quelque peu entaché de Renaissance,
mais d’un caractére si typique qu’on ne peut s’y tromper (ex. fig. 74). Quelques bouts de sarments du
méme type figurent également dans le cadre de la page de titre qui, par ailleurs, est entiérement con^ue
en style Renaissance. Sans pouvoir affirmer quoi que ce soit, on serait tenté de voir dans ces apports
islandais á l’édition de la Bible le résultat d’une initiative personnelle de l’évéque. Toutefois le style de
cette ornementation différe beaucoup au point de vue stylistique de celui que nous trouvons dans certains
objets en bois sculpté qui lui ont été attribués (fig. 18 et 144).
Lorsque nous abordons le XVI Ie siécle, nous voici brusquement dans une tout autre situation. A partir
de maintenant, la sculpture sur bois constitue le groupe le plus important au sein de l’art artisanal islandais
conservé de nos jours, et sur de nombreux objets figure l’année de leur création. Pour notre analyse
stylistique, nous nous fondons sur 76 objets datés ou pouvant l’étre avec certitude. 65 d’entre eux ont une
ornementation végétale. Sauf une chaire marquée 1617 par le sculpteur, aucun d’entre eux n’est antérieur
aux années 1630. L’étude des différents groupes d’objets permet de constater qu’á certaines catégories bien
définies d’objets se rattachent certains types bien définis d’ornementation. II parut naturel de décorer les
surfaces longues et étroites (surtout sur les planches de lit et les planchettes á calandrer) avec des sarments
ondulés tandis que des surfaces plus courtes pouvaient étre décorées á l’aide d’une rosace par ex. ou d’une
plante symétrique. Nous remarquons également que l’ornementation végétale sculptée du siécle était
puissante, intéressante et trés variée et qu’on avait un grand faible pour les sarments á ondulations régu-
liéres. Au cours de l’étude chronologique des objets, ce sont tout d’abord les sarments auxquels nous
nous intéressons. Sur la chaire de 1617 (fig. 75-77) on aper?oit les feuilles qui ont la forme caractéristique
du «style islandais», mais les grands enroulements en spirale font défaut. Les sarments sur le couronnement
d’une armoire datée de 1638 (fig. 68), présentent en revanche ces spirales, mais les feuilles sont moins
nombreuses et plus grandes qu’il n’est habituel dans cette variante de l’ornementation végétale romane,
dont nous trouverons aussi quelques réminiscences plus tard. On la remarque sous une forme relativement
pure sur une planchette á calandrer de 1662 (fig. 71). Autrement les motifs de sarments ondulés sont
réalisés de fa^ons fort variées et avec des feuillages différant beaucoup entre eux. Les autres motifs végétaux