Bibliotheca Arnamagnæana. Supplementum - 01.08.1967, Blaðsíða 155
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oú l’on commen^a á s’intéresser á de nouvelles valeurs culturelles et spirituelles. Au XVIIIe siécle les
fonctionnaires de l’Etat devaient avoir beaucoup de goút pour les arts. Nous savons que plusieurs d’entre
eux s’adonnaient á la sculpture sur bois.
Les objets datés sur lesquels nous pouvons fonder notre étude en ce qui concerne ce siécle ne constituent
pas moins de 169 piéces avec ornementation végétale. Un grand nombre relativement important de ces
piéces sont des ouvrages de qualité médiocre, mais, d’autre part, plusieurs ouvrages témoignent d’un
niveau artistique étonnamment élevé. La sculpture sur bois dite «plate» domine et la décoration incisée se
répand de plus en plus, mais le relief arrondi s’est aussi assuré sa place. L’ornementation végétale est
toujours variée et au moins aussi multiforme qu’au XVIIe siécle. Ses amateurs á cette époque ont un
faible trés net pour les fleurs.
Les objets décorés sont en général de méme nature qu’auparavant. Seuls quelques rares groupes viennent
s’y ajouter. Lá ou les diíférents groupes sont assez importants pour qu’on puisse s’en faire une idée, on a
l’impression que le choix des motifs a été dicté par la tradition. Les motifs á sarments ondulés occupent
toujours une place de choix puisqu’ils ne décorent pas moins de 102 piéces sur 169. La plupart des sar-
ments sont exécutés en relief dit plat, mais un autre type caractéristique de sarments est celui qui se
distingue par des tiges arrondies et sculptées en creux. On trouve par ailleurs une série de formes particuliéres.
Une étude chronologique de l’ornementation á sarments fait ressortir une «évolution» capricieuse par
bonds et á coups. On fait pour ainsi dire la navette entre les sarments de style roman et ceux de style
rococo, avec halte auprés de sarments en style baroque «cartilagineux» évoluant vers le végétal et de sar-
ments á feuilles d’acanthe en relief assez plat.
L’étude des autres motifs végétaux ne permet pas non plus de déceler une évolution déterminée dans
une direction bien définie. Le respect de la loi de symétrie est solidement fondé, mais cela n’empéche pas
une grande variation des dessins et des formes. Assez souvent, les formes végétales sont combinées avec
des rubans et des lettres.
Un grand nombre d’ouvrages non datés s’apparentent si étroitement á ceux qui sont datés qu’on peut sans
hésiter les situer dans ce siécle. Certains d’entre eux se classent nettement dans la catégorie art populaire,
mais plusieurs doivent aussi avoir été réalisés par des spécialistes.
La plupart des sculpteurs sur bois sont toujours anonymes, mais nous connaissons un certain nombre
de noms (cités p. 107), et il arrive qu’on puisse reconnaitre la main d’un méme artiste dans la sculp-
ture de plusieurs objets. Nous citerons ici quelques sculpteurs sur bois relativement productifs qui
semblent avoir été des spécialistes.
Þórarinn Einarsson, né aux environs de 1670, vécut dans le Nord du pays. Ce qui a été conservé de ses
ouvrages, ce sont différentes parties d’une armoire de 1699 (fig. 103 et 104) et quelques panneaux des
ailes de quelques églises (fig. 148 et 273). En outre on connaít quelques sculptures sur bois, maintenant
perdues, gráce á un dessin exécuté plus tard (fig. 274). C’est une sculpture baroque avec de puissantes
formes végétales, mais sans feuilles d’acanthe.
Ámundi Jónsson (1738-1805) était un entrepreneur et un sculpteur sur bois connu qu’on sait avoir
séjourné á Copenhague de 1767 á 1770. Jusqu’en 1799 il a dú construire 13 églises sans compter d’autres
bátiments. II exerfa son activité dans le Sud du pays. 11 nous reste de lui du mobilier d’église sculpté,
notamment plusieurs retables et des fonts baptismaux pour une église (ex. fig. 276-280). II doit étre
considéré comme le plus important représentant islandais de l’ornementation á sarments avec feuilles
d’acanthe. Sa sculpture n’est pas typiquement baroque et dans certains de ses ouvrages, on note une
certaine influence du rococo.