Bibliotheca Arnamagnæana. Supplementum - 01.08.1967, Síða 156

Bibliotheca Arnamagnæana. Supplementum - 01.08.1967, Síða 156
156 Hallgrimur Jónsson (1717-1785) qui vécut dans le Nord du pays a peint des retables et sculpté du bois. Son ornementation, soit ajourée et fixée á l’objet á décorer, soit réalisée en un relief exceptionnellement haut, est caractérisée par des motifs á rubans formant des dessins á coudes, et á tiges de sarments avec grandes fleurs (fig. 288-297). Ses formes végétales semblent inspirées par les formes que l’on trouve chez des ornemanistes européens (Daniel Marot). Un groupe d’ouvrages en partie attribués á Hallgrimur Jónsson, doivent étre dus á un autre sculpteur sur bois qui a aussi pu habiter le Nord du pays, mais dont nous ne connaissons pas le nom aujourd’hui. Ce groupe se compose de sculptures polychromes de trés petites dimensions ajourées et fixées á l’objet á décorer. Elles ont un caractére personnel trés marqué (fig. 204, 206, 207 et 281-286). Les figures repré- sentées nous donnent quelques apercpus de la vie des gens aisés en Islande et l’ornementation végétale forme toujours le cadre important de ces scénes. La diversité de l’ornementation sculptée au XVIIIe siécle peut dérouter quelque peu. Les ouvrages ne peuvent pas, comme au XVII6 étre divisés en un grand groupe sur lequel on pourrait mettre l’étiquette art populaire, et un petit groupe avec l’étiquette ouvrage professionnel moderne. Ils semblent maintenant dus á des descendants de chacun des groupes et á des croisements entre eux, auxquels viendraient s’ajouter une quantité variable d’influences extérieures, sans compter le «dernier cri» de Copenhague. Dans une certaine mesure, le sculpteur sur bois a dú pratiquer le style ancien ou moderne selon la classe sociale á laquelle il appartenait. Mais les ouvrages assez modernes ont du étre plus ou moins imités par les amateurs. Si nous considérons l’origine des piéces datées (et de quelques-unes non datées), nous avons l’impression que la sculpture sur bois est maintenant plus pratiquée dans le Sud et dans l’Ouest que dans le Nord. Si l’on fait abstraction de l’oeuvre des sculpteurs productifs que nous avons mentionnés, les ouvrages du Nord du pays ne se distinguent plus par leur qualité non plus. Malgré un grand nombre d’ouvrages médiocres, la sculpture sur bois du XVIIIe siécle était trés riche, compte tenu des conditions de vie en Islande á cette époque. 3. Lent étiolement. Au cours du XIXe siécle, l’art populaire disparait d’une fa?on générale en Europe, et méme en Islande il n’existe guére aprés 1900. L’ornementation végétale sculptée, si riche en traditions et qui doit en grande partie étre considérée comme appartenant á l’art populaire, disparaít peu á peu au cours de cette période. II n’y a pas arrét brusque de la décoration ornementale d’objets, mais aprés 1880 nos piéces datées sont rares. A partir de 1800 nous avons en tout 151 objets avec ornementation végétale. En tant que spécimens d’art artisanal, ces piéces sont moins intéressantes que celles des époques précédentes. L’invention et la variation sont moindres et les vraiment beaux ouvrages se font plus rares. II semble aussi qu’intervienne une certaine production en série. La tradition se maintient avec une force étonnante en ce qui concerne le choix des motifs pour les différentes catégories d’objets, mais les motifs sont en partie traités d’une autre maniére qu’auparavant. Les formes sont en grande partie plus lourdes, moins affinées et de dimensions plus considérables; á peu de choses prés, c’est le relief plat qu’on retrouve partout. Le relief arrondi ayant presque complétement disparu, on ne trouve plus la sculpture en creux des tiges et des feuilles. Une forme caractéristique de l’ornementation végétale semble ainsi avoir disparu pour de bon. La grande masse des sculptures sur bois donne l’impression d’appartenir á l’art populaire. Alors qu’au- paravant l’art de la sculpture sur bois était pratiqué á la fois par l’élite, les spécialistes et le peuple, il devient maintenant, d’une fa^on générale, une «affaire du peuple».
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