Milli mála - 2018, Page 44
LA POLITIQUE DE NEUTRALITÉ
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Nations Occidentales et Sud-Orientales) en plus de rejeter son offre
de protection militaire. Pour que sa position soit bien claire, il
participa en 1955 à la Conférence des États asiatiques et africains,
laquelle s’opposa formellement au colonialisme ou néocolonialisme
des États-Unis, de l’Union Soviétique ou de tout autre État impé-
rialiste – c’est cette conférence qui pava la voie au mouvement des
non-alignés pendant la guerre froide. Pour Sihanouk, la survie de
l’indépendance du Cambodge n’était pas qu’une affaire de rhéto-
rique ; ce principe guidait réellement toute sa politique extérieure.
Ainsi, il utilisa le nationalisme comme stratégie politique, de
manière à diviser et à régner d’un point de vue national, tout en
semant la dissension parmi ses adversaires étrangers.
Percevant le Roi et son règne féodal comme un symbole de tra-
ditionalisme et d’archaïsme, les Américains ciblèrent, au nom de la
modernisation, l’élite financière et le corps d’officiers travaillant à
l’aide économique et à l’investissement. Alors que Sihanouk main-
tenait la loyauté de son armée et était toléré par la communauté
d’affaires jusqu’à ce qu’il soit renversé, leurs leaders respectifs – Lon
Nol et Sirik Matak – se mirent à représenter les élites proaméri-
caines qui ont finalement remplacé le Prince. La famille de Matak
avait été humiliée par la France lors du couronnement de Sihanouk
en 1941, et Matak ne pouvait supporter cette accession inattendue
au trône16. Sur ces bases, il devint l’un des plus ardents critiques
de Sihanouk avant de jouer un rôle central dans le coup d’état qui
renversa le régime de ce dernier. Au cours de cette même période,
Lon Nol, qui avait remplacé Sihanouk, était en passe de devenir
l’homme le plus influent de l’armée cambodgienne.
Dans la pièce, le contraste entre les critiques faites par Sihanouk
au sujet de la politique étrangère américaine et son neutralisme,
d’une part, et entre le pro-américanisme de Nol et Matak, d’autre
part, est représenté par des échanges tendus entre le Prince et
McClintock, l’Ambassadeur américain à Phnom Penh. Croyant que
sa mise en poste ne rendait pas justice à ces talents, dès le début,
McClintock fit montre d’arrogance envers Sihanouk et le pays qu’il
représentait. Ses visites au palais avaient pour unique but de ser-
16 William Shawcross, Sideshow: Kissinger, Nixon, and the Destruction of Cambodia, op. cit., p. 114.