Milli mála - 2020, Blaðsíða 86
86 Milli mála 12/2020
MÉMOIRE ET TEMPS DU PASSÉ
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deux temps d’impliquer un état résultant de l’événement. Pour le
passé composé, il sera proposé que l’état résultant est une implication
faite sur base d’un épisode du passé que le locuteur a cherché à récu-
pérer en tenant compte de sa pertinence pour l’interlocuteur. Ce serait
la raison pour laquelle cette implication est ressentie comme « vraie
à S ». Pour le plus-que-parfait, l’état résultant sera vu comme une
opération que le locuteur choisit lui-même de faire pour se représenter
un épisode différent de celui décrit par l’énoncé. Dans la dernière
section du corps de cet article, une tentative sera faite pour expliquer
comment les quatre temps du passé du français, passé simple, impar-
fait, plus-que-parfait et passé composé, ont acquis des fonctions dif-
férentes, toutes liées au fonctionnement de la mémoire épisodique.
2. Aperçu sur les analyses du passé simple
et de l’imparfait
Dans la présente section, nous allons passer en revue les propriétés
temporelles et aspectuelles principales du passé simple et de l’impar-
fait qui ont été relevées par les analyses précédentes.1
Le passé simple a une valeur de passé incontournable puisqu’il est
impossible de l’utiliser pour faire référence à des événements présents
ou futurs. Cette valeur est plus constante que pour le passé composé,
qui dans certains énoncés est compatible avec des adverbes indiquant
le présent, et pour l’imparfait qui dans certaines structures de phrases
est incompatible avec des adverbes indiquant le passé :
1. Maintenant, j’ai compris.
2. Si tu venais *hier je serais content.
La différence peut être due au fait que le passé simple est exclusive-
ment utilisé dans des narrations où il fait toujours référence à des
événements du passé, les autres temps ayant des usages plus variés.
Sur le plan aspectuel, on a constaté que le passé simple n’imposait
pas de vue interne de l’action comme l’imparfait :
1 Parmi ces analyses, notons spécialement Arie L. Molendijk, Le passé simple et l’imparfait : une approche
reichenbachienne, Amsterdam/ Atlanta, Rodopi, 1990; et Carl Vetters, « Passé simple, et imparfait :
un couple mal assorti », Langue française, 100/1993, Temps et aspect dans la langue française, pp. 14–30.