Milli mála - 2020, Blaðsíða 88
88 Milli mála 12/2020
MÉMOIRE ET TEMPS DU PASSÉ
10.33112/millimala.12.3
7. « Monsieur Chabot retirait son pardessus qu’il accrochait à la
porte. »5
Une troisième particularité est que le passé simple autorise seulement
deux possibilités pour l’agencement temporel d’événements dans un
énoncé : concomitance ou séquentialité. On remarque dans l’exemple
suivant que les deux possibilités sont aussi pertinentes l’une que
l’autre :
8. Sylvie joua à la flûte et Jean (l’accompagna/ joua ensuite) au
piano.
Le recouvrement temporel partiel de deux événements, courant avec
l’imparfait, est par contre impossible avec le passé simple comme le
montre la comparaison de ces deux exemples :
9. Il traversa le pont quand le soleil se couchait.
10. Il traversa le pont quand le soleil se coucha.
Il y a encore d’autres types d’oppositions entre le passé simple et l’im-
parfait qui ont été relevées par les études précédentes. Sur le plan
discursif, on a constaté que le passé simple était particulièrement
courant dans des contextes où on s’attend à ce que les événements se
suivent temporellement. Donc le passé simple, plus que tous les
autres temps du passé, favorise l’ordre positif alors que l’impar-
fait favorise plutôt l’ordre zéro :6
11. Pierre entra. Marie téléphona.
12. Pierre entra. Marie téléphonait.
Cela expliquerait pourquoi dans l’exemple suivant l’ordre négatif est
impossible ;
5 L’exemple vient de Georges Simenon, La danseuse du Gai-Moulin. Il est cité originellement dans
Liliane Tasmowski-De Ryck, « L’imparfait avec et sans rupture », Langue française, 67/1985, éd.
n.c., lieu d’éd. n.c., pp. 59–77, ici p. 75.
6 Voir l’analyse discursive des temps dans Hans Kamp et Christian Rohrer, « Tense in texts »,
Meaning, Use, and Interpretation of Language, 1983, éd. Bauerle R., Schwarze C. et von Stechow A.,
Berlin et New York, de Gruyter, pp. 250–269.