Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Side 22
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LE NORD
exercé aussi, tout naturellement, une profonde influence sur la
circulation des marchandises dans la Suéde. Le courant des mar-
chandises vers l’ouest a diminué, ce qui s’est traduit par exemple
par une diminution trés forte du mouvement du port de Göteborg
— tandis que le trafic vers le sud a augmenté énormément.
L’isolement qu’a causé la guerre actuelle différe beaucoup des
conditions de la premiére guerre mondiale. L’état présent est ca-
ractérisé par le fait que la circulation vers l’ouest a disparu en
majeure partie et que celle vers le sud s’est fortement accrue. Par
contre, pendant la guerre de 1914—1918, on put maintenir tout
le temps un commerce assez important avec les pays d’ouest alors
que le commerce avec l’Allemagne et l’Italie n’augmenta pas.
Une autre différence essentielle, c’est que, pendant la guerre
actuelle, l’isolement commen^a un peu plus de six mois aprés le
début des hostilités, tandis que, l’autre fois, il ne s’établit que vers
la fin sans étre, pendant l’année qu’il dura, aussi absolu qu’au-
jourd’hui.
Certes, le trafic suédois vers l’ouest s’est heurté, durant la pre-
miére guerre mondiale, á plusieurs difficultés, mais en somme, il
pouvait continuer sans grande géne jusqu’au printemps 1917, soit
pendant deux années et demie de guerre. Il est remarquable que
les importations suédoises des États-Unis s’accrurent de 78 mil-
lions de couronnes en 1914 á 322 millions en 1915 et 214 millions
en 1916. Ce n’est qu’en février 1917 que les difficultés devenaient
aussi sérieuses qu’actuellement. L’occasion en fut la guerre sous-
marine intégrale déclarée par les Empires centraux. Les Alliés y
répondirent en imposant des mesures rigoureuses au tonnage
neutre et les États-Unis entrérent dans la guerre.
Par ces faits la Suéde fut coupée, au printemps 1917, de ses
marchés transocéaniens á peu prés comme aujourd’hui. Déjá quel-
ques mois plus tard, en mai 1917, elle obtint un arrangement selon
lequel 19 navires suédois chargés de blé, qui étaient retenus dans
des ports américains, purent rentrer sans étre inquiétés. L’im-
portation de certaines quantités d’autres marchandises fut égale-
ment autorisée.
Cet isolement ne dura qu’une bonne année. En mars 1918 fut
conclu á Londres un accord dit de modus vivendi, qui assura á