Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Blaðsíða 294
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fisamment indépendante sans cependant enlever á la représen-
tation nationale la possibilité de prévenir une administration
gouvernementale contraire á une volonté nationale bien établie ».
En d’autres mots, le régime parlementaire de ce pays n’a pas été
con§u comme devant comporter un accord aussi parfait que pos-
sible entre le pouvoir gouvernemental et la représentation natio-
nale; on a plutót voulu établir un systéme, bien que trés modéré,
de séparation des pouvoirs, au sein duquel la représentation natio-
nale aurait la faculté, mais seulement dans la mesure ou elle pou-
vait étre considérée comme représentant une « volonté nationale
bien établie », de fixer la limite de la liberté d’action du pouvoir
exécutif. Dans ce systéme, l’indépendance relative du pouvoir
exécutif devait se baser sur la possibilité qu’aurait le Chef de l’Etat
d’intervenir de sa propre autorité. Il est expressément établi dans
le rapport du Comité que certaines des prérogatives du gouverne-
ment, comme par exemple la sanction des lois et la dissolution de
la Chambre, ne pouvaient étre confiées á un Conseil des ministres
dépendant de la représentation nationale. En conséquence, celles-
ci et un certain nombre d’autres prérogatives importantes, ressor-
tissant á la compétence du pouvoir supréme, devaient relever du
Président, tandis que le gouvernement général du pays devait
étre assumé par un Conseil des ministres, dépendant de la repré-
sentation nationale. Afin de donner á la position du Président
l’autorité requise, il ne fallait pas que le Président fut élu par le
parlement. Le Comité constitutionnel avait pensé d’abord á établir
des élections directes par le peuple, á peu prés du méme genre que
celles que l’on vit depuis, en Allemagne, á l’époque de la Constitu-
tion de Weimar; plus tard, on s’arréta cependant aux élections par
un corps d’électeurs proposées antérieurement par M. R. A.
Wrede.
La conception dont nous venous de donner trés briévement la
caractéristique n’est pas entiérement dépourvue d’équivalents dans
les discussions théoriques menées ailleurs. Nous pensons plus par-
ticuliérement ici á la doctrine préconisée, vers 1900 et dans les
années qui suivirent immédiatement, par des experts fran§ais con-
nus en matiére de sciences politiques, Léon Duguit et Joseph Bar-
thélemy, dont les idées ont été reprises en 1918 — par conséquent
á un moment ou la Constitution finlandaise était déjá esquissée
dans ses principales lignes — et exposées sous une forme plus
précise dans l’ouvrage trés connu d’un Alsacien, M. Rohert Reds-
lob: « Die parlamentarische Regierung in ihrer wahren und in