Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Blaðsíða 297
CONSTITUTION RÉPUBL. DE FINLANDE 263
cision, est difficile á réfuter d’un point de vue logique. C’est pour-
quoi il est certain que des personnalités prépondérantes en matiére
de jurisprudence, telles que MM. Robert Hermanson, R. A. Wrede
et C. A. Reuterskiöld — ce dernier étant de nationalité suédoise —
eurent raison quand ils signalérent et démontrérent l’inconsé-
quence de vouloir, d’une part, donner force de loi au principe
parlementaire et s’efforcer, d’autre part, á octroyer au pouvoir
présidentiel la faculté d’agir d’une maniére souveraine. Tout en
reconnaissant cela, il convient cependant d’attirer immédiatement
l’attention sur le fait que ces experts se méprirent dans leurs pré-
visions d’avenir. II était naturellement tout indiqué de faire suivre
la constatation de ce qui pouvait logiquement donner sujet á con-
testation dans la combinaison parlementarisme et pouvoir pré-
sidentiel, de la prédiction qu’il fallait supposer qu’en pratique le
parlementarisme neutraliserait entiérement le pouvoir du Prési-
dent. La méprise dont se rendirent par lá coupables ces critiques
est due au fait qu’ils présumérent sans autre que le régime parle-
mentaire trouverait en Finlande des conditions politiques sus-
ceptibles de lui permettre de se développer logiquement. On voit
par exemple que, dans un article critique, publié en 19x8, sur « Le
régime parlementaire, particuliérement par rapport á la Finlande »,
M. Wrede part de la maxime que, dans les pays á régime parle-
mentaire, c’est « le parti de la majorité du parlement » qui gou-
verne par l’intermédiaire de son cabinet et d’aprés son programme.
Certes, si l’on avait eu en Finlande de telles conditions politiques
et que, dans la généralité des cas, le gouvernement avait été sou-
tenu par une majorité parlementaire unie ou en tout cas animée
d’un esprit de solidarité, et que le chef de l’Etat s’était trouvé
ordinairement devant un cabinet issu d’une majorité parlementaire
bien disciplinée, sur laquelle il pouvait s’appuyer et avec laquelle
il pouvait collaborer étroitement — en d’autres termes, la situa-
tion qui correspond le mieux á l’exigence parlementaire de con-
fiance — alors on aurait trés vraisemblablement pu voir s’établir
la neutralisation du pouvoir présidentiel en tant que facteur de
pouvoir indépendant, comme l’avaient prédit MM. Wrede, Her-
manson et d’autres. Mais, en. réalité, nous voyons qu’en Finlande
les conditions politiques du parlementarisme sont de nature en-
tiérement différente. Etant donné la confusion qui régnait dans les
partis politiques entre 1920 et 1930, on s’est vu contraint de re-
courir á des gouvernements au caractére minoritaire marqué qui,
de plus, étaient composés d’éléments hétérogénes. Aprés 1930, la