Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Blaðsíða 299
CONSTITUTION RÉPUBL. DE FINLANDE 265
sident, M. Ryti, soumit au parlement un projet yisant la question
dite de la « colonisation rapide »x) avec l’appui seulement d’une
petite minorité du Conseil des ministres, quatre ministres en tout.
La majorité du Conseil céda, afin d’éviter une crise ministérielle qui
aurait entraíné la désagrégation de la large coalition sur laquelle
s’appuyait le gouvernement, ce qui n’était pas souhaitable en ce
moment. La formation du gouvernement au printemps 1942 en
est un autre exemple. Le chef de l’Etat n’était pas disposé á ac-
cepter á la Présidence du Conseil le candidat sur lequel les partis
du parlement étaient déjá tombés d’accord. Il est vrai que la ri-
poste du parlement fut assez effective, la personne chargée par
le Président de constituer le nouveau cabinet n’ayant pas obtenu
l’appui requis. Mais les partis qui devaient former la coalition
gouvernementale ne furent pas en mesure de s’entendre au point
d’imposer le candidat primitivement désigné par eux á la Prési-
dence du Conseil. Un exemple de ce genre montre bien comment
la situation politique, dans différentes circonstances, a été de
nature á favoriser une extension du pouvoir du chef de l’Etat,
ce qui n’aurait certes pu avoir lieu dans d’autres circonstances plus
favorables au régime parlementaire, pris dans un sens plus étroit.
Si l’on se rend entiérement compte du grand röle que joue la
situation politique du moment par rapport á la forme réelle de la
Constitution, on constate également combien il est difficile de se
prononcer sur cette question quant á l’avenir. Nous n’avons au-
cune raison de compter sans autre sur le maintien des lignes prin-
cipales dans l’application de la Constitution. Les experts en
sciences politiques ont souligné l’importance de la « loi interne
de transformation » á laquelle obéissent les Constitutions et qui,
lentement, ébranlent leurs bases mémes. La Suéde nous fournit
un excellent exemple d’une telle transformation interne de la
Constitution. Nous savons que ce pays est toujours régi selon la
vieille forme gouvernementale de 1809, qui avait pour but d’éta-
blir un équílibre des pouvoirs entre le Roi et le parlement; nous
savons toutefois que le Souverain de Suéde — comme d’ailleurs
aussi celui du pays d’origine du parlementarisme, l’Angleterre —
n’a plus l’habitude, de nos jours, de faire usage personnellement
de ses prérogatives constitutionnelles. II est assez évident qu’une
Constitution comme celle de la Finlande, comportant á l’intérieur
*) Cette loi portait sur rattribution de terres á la population paysanne
carélienne évacuée aprés la Paix de Moscou en 1940.
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