Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Blaðsíða 188
LE NORD
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Notez! Comparez! Remarquez!
L’auteur ne se contente pas de com-
poser une simple histoire des for-
mes, mais, guidé par cette conviction
que l’art refiéte la vie intérieure de
l’homme, il creuse plus profondé-
ment pour atteindre les idées et les
éléments cultuels. Sa connaissance
intime des croyances et des idées du
moyen áge, sa culture littéraire et
historique trés vaste, contribuent á
faire de ce volume un exposé com-
plet des périodes de la civilisation
antique et médiévale et une inter-
prétation de leur caractére essentiel.
M. Lindblom n’a pas eu pour seul
but d’écrire un manuel historique.
Il se propose en particulier de dé-
terminer le style national de l’art
suédois. Contrairement á ses pré-
décesseurs, il a voulu éliminer les
éléments d’importation et les œuvres
dues á des étrangers appelés dans
le pays, pour ne retenir que l’art
propre des Suédois mémes et abou-
tir par lá á ses conclusions. Il ne
méconnaít nullement les difficultés
de cette táche. 11 part de cette idée
que le sang constitue á peu prés la
moitié de l’élément national; l’autre
moitié est faite d’assimilation au mi-
lieu et de solidarité avec le peuple.
Distinction, sans doute, quelque peu
arbitraire, et l’auteur en a bien
conscience. 11 cite en exemple le
prince Eugéne, qui, sans sang sué-
dois, a interprété la nature suédoise
mieux que bien des Suédois, et Nic.
Tessin fils, créateur du cháteau de
Stockholm, lequel, bien que né Sué-
dois, est considéré par M. Lindblom
comme moins national que son pére,
originaire d’Allemagne.
On ne saurait nier que cette ma-
niére de poser le probléme ne soit
arbitraire. Car elle suppose connu
ce qui est caractéristique de l’art
suédois, et c’est lá précisément ce
qu’il s’agit de définir. Tessin fils
présente justement les deux qualités
que M. Lindblom définit comme
décisives: l’origine suédoise et l’as-
similation parfaite au milieu suédois
de son temps. Ses œuvres seraient
donc á considérer comme typique-
ment suédoises, quelles qu’en soient
leurs formes. Et c’est par leur forme
que nous devons nous faire une idée
de l’art proprement suédois, si nous
acceptons la théorie de M. Lindblom
du sang et de Fassimilation au milieu
comme facteurs décisifs.
Mais il y a d’autres difficultés.
D’une part il est trés difficile d’ana-
lyser le sang des artistes du moyen
áge, et encore plus dans le cas de
sculptures et de peintures d’auteurs
inconnus. D’autre part les grands
édifices tels que les cathédrales de
Lund, de Linköping et d’Upsal ou
les cháteaux des Vasa, ont été con-
^us par des étrangers appelés dans
le pays et construits de matériaux
suédois et pour des conditions sué-
doises. En outre tels grands monu-
ments, méme exécutés par des étran-
gers, comme le groupe de Saint
Georges, le monument national sué-
dois du XVe siécle, fait par le Lu-
beckois Bernt Notke, sont engen-
drés par des idées et des événements
qui sont étroitement liés aux desti-