Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Side 13
GUERRE ET COMMERCE EXTERIEUR
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premiéres et les produits alimentaires des autres parties du monde,
alors que des capitaux européens faisaient prospérer la vie éco-
nomique des pays non européens. Sans ce commerce, le rapide
essor industriel de l’Europe et l’énorme accroissement de sa
population n’auraient pas été possibles.
Par la constitution de centres industriels en dehors de l’Eu-
rope, surtout aux États-Unis, mais aussi au Japon, l’aspect du
commerce universel se compliqua davantage. II n’est plus fait
dans la méme mesure qu’autrefois d’un échange entre l’Europe
et les autres parties du monde. Au début de ce siécle, la part de
l’Europe dans le commerce universel s’élevait á prés de 70 % et
elle était encore, au début de la premiére guerre mondiale, supéri-
eure á 60 %. La guerre accentua le recul en offrant aux États-
Unis et au Japon l’occasion de conquérir une partie des anciens
débouchés européens, notamment dans l’Amérique latine et en
Asie, tout en leur permettant d’augmenter leurs importations de.
matiéres premiéres de ces régions. Fait peut-étre encore plus im-
portant: avant 1914, les pays européens avaient été seuls á ex-
porter en quantités appréciables des capitaux aux autres parties
du monde. A partir de 1918, les possibilités pour l’Europe de
fournir des préts se trouvant réduites, les États-Unis, qui avaient
vu s’accroítre leurs disponibilités, purent développer sur ce do-
maine une exportation croissant rapidement.
Depuis 1925, la part de l’Europe dans le commerce mondial
est restée assez stationnaire. Elle formait, pendant les derniéres
années de paix, un peu plus de 50 %._ Ce qui veut dire que le
commerce international de l’Europe était plus grand que celui de
l’ensemble des autres parties du monde. En 1938, l’Europe prenait
56 % des importations totales du monde et fournissait en méme
temps 48 % des exportations mondiales.
Les différentes parties de l’Europe participent fort inégale-
ment au commerce mondial. Une ligne nette sépare les pays in-
dustriels d’une part des pays agricoles de l’autre. Le premier
groupe compte dix pays, dont la Suéde, l’autre, vingt. Les dix
pays industriels, qui comprennent en somme l’ouest de l’Europe,
entrent pour pas moins de 82 % dans le commerce total de
l’Europe, et le commerce par habitant de ces pays est trois fois
plus grand que celui des pays agricoles. Ces vingt pays, habités
par 40 % de la population de l’Europe, ne représentent que 18 %
de son commerce extérieur.
A la premiére place parmi les gros commer§ants de l’Europe