Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Blaðsíða 139
FINLANDE ET LES PAYS NÉO-LATINS
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miére école en Finlande. Comme la province dominicaine de Dacie,
dont faisaient partie les couvents dominicains finnois, n’avait pas
elle-méme d’école centrale des hautes études théologiques, des places
etaient réservées aux dominicains finnois dans les écoles cen-
trales de l’ordre aux centres de la civilisation européenne comme
Paris, Montpellier et Cologne. On ne posséde pas de statistiques
de ces écoles, mais comme on sait que chaque « lecteur » des
couvents dominicains devait avoir passé l’examen de théologie
á une école supérieure de l’ordre, il est certain que les intellectuels
finnois ont eu, dés le début de la civilisation nationale de Fin-
lande, un contact direct avec les grands centres de la civilisation
européenne d’alors. Ce fut surtout Paris qui les attirait. Paris était
en effet au XIIIe siécle et encore plus tard le centre de la philoso-
phie scolastique qui, a cette époque-lá, était le courant européen
dominant, comparable á la philosophie fran§aise du XVIIT siécle.
On sait que deux dominicains finnois occupaient le poste de
pénitenciers á la cour du pape á Avignon. L’un d’eux, Johannes
Abbo, s’y trouve en 1333, l’autre, Petrus de Abo, au moins de
1338 á 1347.
A mesure que la civilisation occidentale avangait dans le pays,
les postes ecclésiastiques les plus importants passaient entre les
mains des indigénes. Le premier évéque du diocése de Turku"')
d’origine finnoise fut Magnus Ier qui occupa ce poste vers 1300.
Les évéques de Turku étaient au moyen áge une sorte de
princes ecclésiastiques qui dirigeaient non seulement la vie spiri-
tuelle de leur diocése, identifiable en réalité avec la Finlande,
mais s’occupaient le plus souvent aussi des intéréts purement poli-
tiques du pays. Voyons un peu quelle était la formation intel-
lectuelle de ces évéques et de leurs collaborateurs immédiats.
D’aprés les sources dont la valeur documentaire est incon-
testable, il y avait á partir de la premiére moitié du XIVe siécle
jusqu’á la Réforme une grande quantité d’étudiants finnois á la
Sorbonne. Deux d’entre eux, Johannes Petri, plus tard évéque
de Turku de 1367 á 1370, et Olavus Magni, également évéque
de Turku de 1450 á 1460, parvinrent surement á la dignité ad-
ministrative supréme de ce centre de l’Europe intellectuelle
d’alors: l’un fut élu recteur de la Sorbonne en 1366, l’autre pro-
bablement deux fois, d’abord en 1432, puis en 1435. Tous les
évéques catholiques de Finlande á partir de Johannes Petri qu’on
*) Turku est la dénomination finnoise de la ville qui s’appelle en sué-
dois Ábo.