Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Blaðsíða 148
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LE NORD
longue, toute cette philosophie en aversion et l’on commence á
douter de sa méthode. II faut jeter les abstractions par dessus bord
et pénétrer dans la vie réelle. On renoncerait par la au nom méme
de philosophe, me dira-t-on! Mais jamais l’avenir ne pourra re-
fuser á un Montesquieu ou á un Bacon le nom de philosophe ».14)
Mais il y avait en Finlande aussi, dés le début du XIXe siécle,
ceux dont le regard a dépassé l’horizon qui, pour ainsi dire, s’im-
posait á tout le monde. Conformément á notre plan général nous
ne nous attardons pas aux deux précurseurs de l’art finnois, le
sculpteur Erik Cainberg et le peintre Alexander Lauraeus, dont
le premier avait séjourné de 1802 á 1809 en Italie, et l’autre,
aprés avoir étudié de 1817 á 1820 á Paris sous la direction de
P. Guérin, avait passé le reste de sa vie de 1820 á 1823 á Rome.
Pour la méme raison nous laissons de cóté le camarade de jeunesse
de J. W. Snellman, Johan Kjemmer, qui, s’intéressant aux ques-
tions sociales et aux problémes politiques européens, partit pour
la France ou il devait mourir en 1833 avant que l’autre ami de
Snellman, J. J. Nervander, fut arrivé á Paris la méme année.
/. /. Nervander, né en 1805, mort á l’áge de 43 ans, fut un
poéte et en méme temps un physicien génial, qui ouvre la série
des naturalistes et des mathématiciens finnois qui ont maintenu
un contact intime avec la science fran§aise. Il fit un voyage
d’études de trois ans en France, en Italie, en Autriche et en Álle-
magne. A Paris, il fit la connaissance d’A.-M. Ampére, dont il
compléte les théories, e. a., dans un article inséré en 1833 aux
Annales de Chimie et de Physique. Aprés Nervander, de nom-
breux représentants finnois des sciences naturelles ou des mathé-
matiques ont fait leurs études á Paris. Un d’entre eux, William
Nylander, né en 1822, professeur de botanique á l’université
de Helsinki depuis 1857, s’y établit définitivement en 1863 et
y déploya une activité scientifique de grande envergure.15) Nous
le citons parmi ses collégues « francisants » pour fournir un
exemple des Finnois qui, dans leur contact avec les civilisations
étrangéres, ne sont pas arrivés á faire la synthése harmonieuse
de la vérité qu’ils poursuivent, de leur patrie et de leur propre
personne.
14) Th. Rein, o. c., p. 407.
15) Cf. E. E. Nervander, Blad ur Finlands kulturhistoria, Kuopio 1900,
p. 459 á 469.