Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Side 151
FINLANDE ET LES PAYS NÉO-LATINS
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Söderhjelm, né en 1859, chargé de cours de littérature moderne
depuis 1886, professeur extraordinaire de philologie romane de-
puis 1894, titulaire de la chaire de littérature finnoise et générale
a Helsinki de 1913 a 1919, ministre plénipotentiaire de Finlande
a Stockholm de 1919 a 1930.
Ces deux savants se ressemblent par le caractére exact et ap-
profondi de leurs recherches et par l’étendue de leur champ d’ac-
tion.
Aprés avoir fait ses premiers exploits scientifiques en publiant
deux études sur les traditions épiques relatives á deux figures
historiques anglaises, Estlander pénétra avec une rapidité et une
énergie surprenantes dans l’étude comparée des langues et des lit-
tératures romanes. Comme fruits de ses recherches il publia, e. a.,
une traduction suédoise du Poema del Cid précédée d’une étude
historique et critique sur le poéme (en 1863), une étude sur la lé-
gende de Tristan et Iseult (en 1866), Uhistoire de la littérature
provengale (en 1868) et Uhistoire des heaux-arts depuis la fin du
XVllV siécle jusqu’a nos jours (en 1867). Parmi les philologues
franfais et les félibres provengaux de cette époque il jouissait du
droit de cité. Il fut parmi les fondateurs de la Société de linguis-
tique de Paris en 1864. Comme toute cette génération de philo-
logues finnois qu’il ouvre et á la différence de son maítre, le poéte
Cygnaeus, il attacha la plus grande importance á l’étude philo-
logique et historique détaillée de son sujet, ne voulant émettre au-
cune idée qui ne fut basée sur les faits. Rentré en Finlande, Est-
lander prit, á cóté de son activité universitaire, jusqu’á sa mort
en 1910, une part active á la vie culturelle et politique de son
pays sans jamais perdre le contact avec les courants spirituels
européens, surtout romans.
Quant á 'Werner Söderhjelm, on ne s’étonne pas de voir parmi
ses œuvres La Renaissance italienne (publiée en collaboration
avec son frére), car son esprit avait l’exubérence, la profondeur
et le talent d’un génie de la Renaissance. Aprés avoir débuté á
Helsinki par une thése de doctorat sur la littérature allemande,
il s’orienta, inspiré surtout par son maítre Estlander et par le
grand savant fran§ais Gaston Paris, dont il fit la connaissance en
1885, vers l’étude des langues et littératures romanes. Ce fut le
commencement d’un intérét et d’une production scientifique que
des études approfondies et les plus variées dans le domaine de la
littérature et de l’histoire de Finlande ni l’activité pédagogique la
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