Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Page 178
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LE NORD
sion pouvait prendre une tournure trés animée, mais les contrastes
nationaux n’y jouaient qu’un röle tout é. fait secondaire. La
camaraderie, qui se nouait trés vite au début d’un cours, se main-
tenait longtemps aprés la séparation. Comme le disait un des
étudiants: « Nous sommes partis un corps, nous rentrons une
famille ».
C’est une expérience banale que la vie et le séjour en com-
mun á l’étranger fortifient le sentiment qu’ont les nationaux des
pays du Nord de leur solidarité nordique. C’était en tout cas
une expérience que professeurs et éléves avaient l’occasion de faire
dans le milieu international de Genéve. Que la rencontre á l’École
ait abouti á quelques mariages heureux, nous ne le rappelons que
pour mémoire. Les visites réciproques de pays á pays qui en
sont résultées, la fondation d’une organisation active d’anciens
éléves de Genéve, et surtout les nombreuses correspondances que
la guerre méme n’a pu arréter, en sont des témoignages bien plus
remarquables. Avec la plus vive attention, les éléves recueillent
les rares nouvelles qui leur parviennent sur le sort de leurs
camarades des autres pays nordiques depuis le 9 avril 1940.
Les dispositions et les connaissances préalables des éléves étant
trés différentes, nous l’avons dit, le profit qu’ils tiraient de Ieur
séjour devait naturellement varier beaucoup. Pour les uns, l’es-
sentiel, c’était sans nul doute le séjour á Genéve et le contact avec
les milieux nordique et international. Pour d’autres c’était les
voyages, ou la géographie, par tout ce qu’ils voyaient par eux-
mémes, devenait une réalité vivante; pour d’autres encore, c’était
la camaraderie. L’impression qu’ils rapportaient des institutions
genevoises variait sans doute aussi fortement: pour les uns, les
cours de Genéve furent une déception, pour les autres une véri-
table révélation, qui les incita á des initiatives personnelles pendant
les années suivantes. On en trouve de multiples preuves dans le
grand nombre de conférences, d’articles de revues et de livres
dont les impulsions ont été données par les études á Genéve.
Pour les hommes du mouvement des hautes écoles populaires
du Nord, une institution qui, comme l’école de Genéve, s’ap-
pelait « haute école populaire » et á laquelle manquaient trois
des éléments jugés essentiels á une haute école ordinaire, á savoir
un siége permanent, un directeur fixe et des traditions, devait
paraítre une création bizarre. Pourtant, on voyait s’établir des
rapports excellents entre ceux qui avaient la responsabilité de
l’école de Genéve et plusieurs des dirigeants des hautes écoles